Vendredi 12 mars 2021, Tencent Holding a été pris pour cible par le régulateur antitrust chinois. Pour des acquisitions et des investissements passés, la compagnie de Pony Ma s’est vu infliger une amende, aux côtés de Baidu, ByteDance, et Didi Chuxing.
Cette dernière est d’un montant de 500 000 yuans (77 000 dollars) et vise un investissement de 2018 dans l’application d’éducation en ligne Yuanfudao, selon un communiqué publié par l’Administration d’État chargée de la réglementation du marché. Le géant se joint ainsi à son concurrent Alibaba, affilié à Ant Group, qui a été poussé à remodeler ses activités en décembre.
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L’année dernière, le régulateur avait déjà infligé des amendes à l’unité Tencent China Literature Ltd. pour des violations similaires. “Nous continuerons à nous adapter aux changements de l’environnement réglementaire, que nous considérons comme bénéfiques pour l’industrie, et nous chercherons à assurer une conformité totale”, a déclaré Tencent dans un communiqué envoyé par courrier électronique à la suite de l’amende de l’organe antitrust chinois, ce vendredi 12 mars.
Depuis les événements ayant suivi l’annonce de l’introduction en Bourse d’Ant Group, Pékin intensifie ses efforts pour freiner son industrie de la technologie financière autrefois en roue libre. Trop puissante, trop influente, la tech chinoise s’est illustrée dans la menace qu’elle fait peser sur le Parti Communiste avec les propos critiques tenus par Jack Ma, père d’Ant Group, qui a pu mener à la répression et les sanctions subies, mais aussi à sa propre disparition de l’espace médiatique. Les ambitions du gouvernement quant à son nouveau yuan numérique sont également un spectre d’explication à cet acharnement sur la fintech.
L’amende de Tencent s’inscrit donc dans un contexte plus large de répression chinoise sur son écosystème tech, qui tenterait d’échapper à son contrôle. “Le message est clair : il est indispensable d’obtenir l’approbation du gouvernement pour des accords comme ceux-ci” a déclaré Ye Han, associé du cabinet d’avocats Merits & Tree basé à Pékin, se référant aux opérations non déclarées par les entreprises soumises à des amendes. “Nous n’avons pas vu de cas où des entreprises se sont dissoutes ou des fusions ont été annulées, mais de telles choses sont probablement en cours dans les coulisses”.
Selon Bloomberg Intelligence, la capacité de Tencent à renforcer son écosystème national par le biais de fusions et acquisitions, comme il est d’usage pour la compagnie, pourrait être affaiblie par la montée de la surveillance anti-monopole en Chine. Cette surveillance, déjà illustrée par les sanctions imposées à Ant Group, s’exprime encore une fois sur Tencent, Baidu et Didi Chuxing. Bien que le montant de l’amende ne soit pas significatif pour Tencent, elle n’en est pas moins symbolique et pourrait n’être que le début d’une vaste opération.
Selon des sources rapportées par Bloomberg, Tencent devra probablement, comme Ant Group, créer une société holding pour inclure ses services bancaires, d’assurance et de paiement, pour que le gouvernement ait un œil plus facile sur ses activités. Par ailleurs, les dommages collatéraux se font déjà sentir sur le géant chinois, puisque son action a chuté de 4,4 % à Hong Kong ce vendredi.