L’une des grandes responsabilités des acteurs du numérique est d’accompagner les utilisateurs et de sensibiliser aux possibles dérives dans l’utilisation des technologies. Il est fondamental que la technologie ne devienne jamais un risque dans la vie quotidienne des utilisateurs.

Alors que 7 femmes victimes de violences conjugales sur 10 ont déjà souffert de formes de cyberharcèlement de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, une étude de l’Institut Européen pour l’égalité des genres souligne à quel point les atteintes portées via les technologies – à commencer par les logiciels espions utilisés pour épier les faits et gestes de la victime (stalkerwares) – manquaient d’un cadre légal adéquat et étaient difficilement considérées lors de plaintes déposées pour violence. Pire encore, la méconnaissance de leur existence auprès des forces de l’ordre et du grand public permet aux harceleurs de pouvoir suivre les activités de leur victime sans être inquiétés. Depuis 2020, les choses avancent, dans le bon sens. En juillet, le Parlement français a voté une nouvelle loi portant sur les cyber violences au sein du couple, laquelle punit désormais la géolocalisation d’un conjoint sans son consentement. Les publicités sont désormais interdites par Google et les éditeurs d’antivirus sont également plus performants dans la lutte contre ces logiciels.

La Coalition contre les stalkerwares : 1 an de lutte contre les violences et d’accompagnement des victimes

La violence sur Internet est bien réelle, et la lutte contre le cyber-harcèlement mobilise déjà, notamment dans le cadre scolaire, à l’image des actions d’Internet Sans Crainte ou e-enfance. Mais les enfants ne sont pas les seules victimes du cyber-harcèlement. En 2019 le nombre d’installations de stalkerwares sur mobile a augmenté de 67 %, pour atteindre 67 500 personnes touchées à travers le monde. C’est pourquoi, en novembre 2019, 10 entreprises & organisations du public et du privé ont fondé la Coalition contre les stalkerwares pour lutter contre cette forme de violence et surtout faire prendre conscience de son existence au plus grand nombre. En novembre 2020, la Coalition compte 26 membres à travers le monde.

Technologies : évitons l’effet d’aubaine pour les personnes violentes !

Le problème de la violence est certes sociétal, mais ce qui pose question avec l’espionnage par logiciels est la violence physique qui bien souvent en résulte. En matière de cybersécurité, l’installation d’un logiciel espion implique de rendre l’appareil d’une victime vulnérable à d’autres cyber menaces, ce qui expose ses données personnelles auprès de bien plus de monde que l’espion seul. Entre janvier et octobre 2020, on compte déjà plus de 48 500 installations de logiciels espions sur des appareils mobiles. Ces constats motivent nombres d’initiatives dont celles menées par la Coalition contre les stalkerwares, destinées d’abord à informer sur ce phénomène et à lutter ensuite, à l’échelle internationale, contre son développement.

Partenariats public/privé : l’une des clés pour construire un avenir plus sûr

La force des partenariats public/privé, c’est de toucher différentes cibles et d’être plus audibles, plus compétents aussi, pour adresser une problématique de société. L’usage du numérique ne peut se développer que dans le respect des autres, et passe d’abord par l’information, la sensibilisation et l’accompagnement.
Les violences domestiques sont un fléau pour notre société et les technologies doivent permettre de mieux protéger une personne et sa vie privée, pas l’inverse. Aucun logiciel ne devrait plus pouvoir se livrer à un contrôle ou à une surveillance sans le consentement de l’utilisateur. Toute application installée sur l’appareil d’un individu devrait émettre une notification et inclure des icônes clairement identifiées sur l’appareil indiquant à la fois la présence du logiciel et sa fonctionnalité. Les régulateurs du monde entier progressent dans ce sens. Mais la route vers un monde numérique plus sûr est encore longue, et elle requiert l’attention de chacun, à son échelle.