Le Bureau européen des unions des consommateurs (BEUC) a déposé plainte auprès de la Commission européenne contre l’application TikTok. L’organisme qui rassemble plusieurs associations de consommateurs, dont UFC-Que Choisir, accuse l’application chinoise d’exploiter les droits et les données des utilisateurs, bien souvent alors que ces derniers sont mineurs. Dans un communiqué, UFC-Que Choisir affirme qu’une enquête va être menée par la Commission européenne, sur les pratiques de TikTok, notamment car ce dernier ne parvient pas à protéger ses jeunes utilisateurs de contenus dits dangereux.

Tiktok « bafoue les droits de ses utilisateurs”

Dans son communiqué de presse, UFC-Que Choisir fait part de son bilan de lecture des conditions de TikTok, “une rédaction peu claire, des clauses contraires à la Loi et qui favorisent TikTok au détriment de ses utilisateurs”. Selon l’association, l’application se donne de nombreux droits, parmi lesquels utiliser, modifier, ou encore reproduire les vidéos postées par les utilisateurs. Dans l’ensemble, il est donc mis en avant que les droits des utilisateurs sont bafoués par l’application, cela en plus d’une protection des utilisateurs non assurée.

En effet, l’application accepte les inscriptions dès l’âge de 13 ans, mais ne met en place aucune protection pour ces jeunes utilisateurs. Selon l’UFC-Que Choisir, “les mesures mises en œuvre pour protéger ce public vulnérable ne sont clairement pas au rendez-vous : pas de protection réelle contre la publicité cachée, et surtout, des contenus potentiellement dangereux”. L’association cite ici l’exemple des marques faisant appel à des influenceurs pour parler de produits ou organiser des concours, sans que leurs véritables intentions soient directement stipulées. Par ailleurs, le système de monnaie virtuelle de TikTok est aussi concerné par cette plainte. Il s’agit d’une option qui vise à récompenser les créateurs de vidéos. L’utilisateur est encouragé à faire des achats sur l’applications afin de féliciter les auteurs avec des cadeaux virtuels. Les associations souhaitent sur ce point qu’il soit rappelé aux utilisateurs que ce sont de vraies dépenses faites en seulement quelques clics. Jusqu’à présent, il apparaît que TikTok semble « mettre tout en oeuvre pour que l’utilisateur oublie qu’il s’agit d’argent réel ».

L’exploitation des données des utilisateurs est également épinglée dans la plainte déposée par le BEUC. TikTok ne tient pas informé les utilisateurs de la façon dont leurs données personnelles sont collectées et comment elles sont ensuite traitées, alors même que le RGPD oblige cela. Aux États-Unis, l’application a déjà été sanctionnée pour la collecte de données de 6 millions d’enfants. Une amende de 1,1 million de dollars lui avait été infligée, ce qui ne l’a vraisemblablement pas empêché de poursuivre cette collecte ailleurs sur le globe.

Des enquêtes à différentes échelles souhaitées

Tandis que la Commission européenne a été saisie et qu’elle devrait prochainement ouvrir une enquête à propos des pratiques de l’application, les associations souhaitent également des enquêtes à l’échelle nationale. Le BEUC et ses associations membres souhaitent donc alerter les autorités nationales de protection des consommateurs à propos des pratiques commerciales « déloyales et trompeuses » de TikTok. Elles souhaitent en outre que l’application soit contrainte de mieux informer les utilisateurs sur sa politique et son modèle économique. Des mesures concrètes pour protéger les utilisateurs mineurs sont également demandées.

Ces futures enquêtes ne seront pas les premières pour TikTok. L’application a déjà fait l’objet de plaintes aux États-Unis, avant d’être dans le viseur des autorités américaines de façon plus générale depuis cet été.