Le 9 février 2021, les Émirats arabes unis (EAU) sont devenus le premier pays arabe à se placer en orbite martienne, et seulement la cinquième puissance à y parvenir après les États-Unis, l’URSS, l’Europe et l’Inde. Marquant une nouvelle ère de l’exploration spatiale, cette prouesse va également nous permettre d’en apprendre beaucoup plus sur la planète rouge.

Un parcours impressionnant

Lancée par une fusée japonaise en juillet dernier, la sonde Hope a parcouru des centaines de millions de kilomètres pour atteindre son objectif. Pour se placer en orbite, elle a allumé ses propulseurs durant 27 minutes lors d’une manœuvre hautement périlleuse réalisée de manière autonome, le temps de transmission des signaux radio étant trop élevé pour l’effectuer depuis la Terre. « L’opération s’est déroulée exactement comme prévu, jusqu’au bout. Nous avons reçu toutes les informations nécessaires de la part du vaisseau spatial pour signaler l’insertion orbitale de Mars. Ce fut un voyage haletant. Le soulagement est le mot qui me vient à l’esprit. Et bonheur extrême », a déclaré Sarah al-Amiri, ministre d’État émirati pour les sciences avancées et présidente de l’Agence spatiale des EAU.

Depuis le début des premières missions vers Mars, il faut savoir que plus de la moitié a échoué. Les Émirats signent ainsi un incroyable parcours dans le spatial, alors que leur premier satellite a été positionné en orbite terrestre il y a seulement 12 ans. Si la sonde Hope, ou Al-Amal en arabe, a majoritairement été fabriquée et assemblée aux États-Unis, les équipes émiraties ont toujours pris part dans son élaboration.

Réorienter l’économie vers les sciences

Avec la mission Hope, qui a coûté 200 millions de dollars, le pays souhaite devenir un précurseur dans le domaine des sciences et du spatial : « Il s’agit de stimuler beaucoup de changements au sein de l’économie des EAU qui, aujourd’hui plus que jamais, devrait avoir une base solide dans la science. La meilleure façon d’y parvenir, d’après ce que nous avons expérimenté en tant que nation, a été une mission d’exploration de l’espace », a affirmé Sarah al-Amiri. En effet, les Émirats s’attendent à ce que leurs revenus issus de l’exploitation pétrolière diminuent, et voient dans les sciences un avenir stable et ambitieux pour leur population.

Ainsi, près de deux tiers de l’équipe émiratie ayant travaillé sur Hope est âgée de moins de 35 ans, et un tiers sont des femmes. Al-Amiri précise d’ailleurs avoir remarqué qu’un nombre croissant d’étudiants en ingénierie et en sciences envisagaient de s’engager dans le secteur spatial. En plus d’équipes sur-motivées, le pays a également pu profiter de la baisse impressionnante des coûts pour accéder à l’espace.

La sonde va étudier l’atmosphère martienne

Hope est la toute première sonde à se placer sur une orbite elliptique parallèle à l’équateur de Mars, les autres se déplaçant principalement autour des pôles. Elle est également le vaisseau possédant l’orbite la plus haute et va ainsi disposer d’une vue d’ensemble sur la planète rouge lui permettant de scanner l’intégralité de sa surface tous les neuf jours.

L’objectif de la mission est d’étudier plus en profondeur l’atmosphère de la planète pour comprendre comment ses lacs et rivières se sont évaporés au fil des années pour laisser place à un environnement totalement désertique. Avec sa caméra dotée de plusieurs filtres afin de limiter les différentes longueurs d’onde, la sonde va ainsi enregistrer des données précieuses sur la teneur en eau et en glace de l’atmosphère, ainsi que sur les tempêtes qui s’abattent sur Mars. L’orbite elliptique de Hope va par ailleurs offrir aux scientifiques plusieurs manières d’observer la planète : à courte distance, la sonde pourra étudier des régions spécifiques et voir les changements qui y sont subis par l’atmosphère minute par minute, tandis qu’à plus grande distance, elle sera en mesure d’observer l’astre de manière plus globale.

La conquête spatiale n’est plus ce qu’elle était

Les EAU se sont placés en orbite martienne un jour seulement avant la Chine et sa sonde Tianwen-1, qui devrait effectuer la manœuvre ce 10 février. Au mois de mai, l’empire du Milieu ira plus loin en tentant de faire atterrir un rover à la surface de Mars. Les deux missions ont débuté avec un lancement au mois de juillet, lorsque l’alignement de la Terre et de Mars était le plus propice. « Les pays qui n’ont pas été historiquement des pays d’exploration avancent de manière significative et le soutiennent avec des budgets. Il n’y a pas de meilleure diplomatie que d’explorer notre système solaire ensemble », a déclaré Jim Bridenstine, qui a récemment quitté son poste d’administrateur de la NASA le 20 janvier dernier.

Une troisième, et très attendue, mission a également débuté en juillet dernier puisque la NASA prévoit de faire atterrir son cinquième rover sur la planète rouge le 18 février prochain. Baptisé Perseverance, il va notamment devoir récolter des échantillons et préparer le terrain pour une future mission habitée. Une chose est sûre : nous sommes en passe de réaliser des découvertes révolutionnaires à propos de notre lointaine voisine.