Selon la FTC, Amazon a volé pas moins d’un tiers des pourboires de ses livreurs. L’entreprise, qui changera bientôt de PDG, devra donc débourser 61,7 millions de dollars pour régler ses dettes. Cette décision fait suite à une enquête menée par la Federal Trade Commission américaine. Selon l’organisme, les pourboires ont été retenus pendant deux ans et demi, la période correspondrait d’ailleurs à celle où le système de rémunération Amazon Flex était en place.

La FTC sanctionne les pratiques d’Amazon

Selon la FTC, Amazon a promis certains revenus aux livreurs avant de réduire leurs salaires… pour empocher les pourboires. C’est suite à ces conclusions d’enquête de la FTC qu’Amazon a accepté de régler les quelque 61,7 millions de dollars correspondant à ce qu’il aurait « volé » à ses livreurs Amazon Flex durant deux ans et demi. La FTC précise sanctionner aujourd’hui Amazon “pour avoir élargi son empire commercial en trompant ses travailleurs. Amazon a volé près d’un tiers des pourboires des livreurs pour améliorer ses propres résultats”.

Le concept d’Amazon Flex était pourtant clair : la société faisait appel à des livreurs indépendants, leur mission était de livrer des colis et produits alimentaires pour les comptes d’Amazon et de Whole Foods dans plus d’une cinquantaine de villes américaines. Le tout, avec leurs propres véhicules et sans bénéficier de protections sociales, telles que les prestations de soins de santé, les indemnités liées aux arrêts maladies ou encore la rémunération des heures supplémentaires. Malgré tout, les livreurs pouvaient recevoir des pourboires en échange de leurs bons services, l’argument d’Amazon Flex, en 2016, était même que les livreurs percevaient 100% des pourboires reçus. Mais selon l’enquête de la FTC, c’était là une version officielle, puisqu’en réalité, la société a rapidement commencé à réduire les salaires et la redistribution des pourboires aux livreurs.

Un porte-parole d’Amazon a également commenté cette enquête, “Bien que nous ne soyons pas d’accord sur le fait que la façon dont nous avons déclaré le paiement aux chauffeurs n’était pas claire, nous avons apporté des précisions supplémentaires en 2019 et nous sommes ravis de mettre ces questions derrière nous. Les partenaires de livraison flexibles jouent un rôle important pour servir les clients chaque jour, c’est pourquoi ils sont les mieux rémunérés du secteur, avec un salaire horaire de plus de 25$ en moyenne”.

Une fraude qui aura duré jusqu’à la révélation de l’enquête de la FTC…

Rohit Chopra, commissaire de la FTC, a déclaré que le vol effectué par Amazon “n’est pas passé inaperçu aux yeux des livreurs indépendants de la société, beaucoup ont exprimé leur colère et leur confusion envers l’entreprise. Mais plutôt que de se montrer honnête, Amazon a pris des mesures élaborées pour tromper ses chauffeurs et dissimuler son vol, en leur envoyant des réponses prédéfinies”.

En effet, les livreurs s’étant plaints de leur rémunération ont reçu des réponses, formulées par mail, affirmant qu’Amazon continuait bel et bien de leur distribuer 100% de leurs pourboires. Et cela, jusqu’à que l’entreprise prenne connaissance de l’enquête en cours auprès de la FTC. Dès lors, les salaires et les pourboires ont été mieux redistribués. À présent, et suite à l’enquête de la FTC, Amazon doit indemniser ses livreurs, mais il lui est également interdit de les induire à nouveau en erreur sur leur salaires et leurs pourboires.

Ce n’est pas la première fois qu’Amazon se fait épingler par la FTC. En juin 2019, la société américaine était surveillée dans le cadre d’une enquête antitrust, un des vendeurs de la plateforme a aussi été sanctionné pour de faux avis publiés en ligne et plus récemment une plainte antitrust visant le secteur des e-books a été déposée. Amazon n’a donc plus qu’à bien se tenir…