Le gouvernement allemand prépare un plan d’action destiné à développer des acteurs locaux dans les télécoms, notamment autour des réseaux 5G, de solutions Open RAN, et de la 6G. Sobrement baptisé « proposition d’action commune », ce plan est poussé par les ministères de l’Intérieur, de l’Économie, de la Recherche et des Transports.

Pour le mener à bien, c’est un budget de 2 milliards d’euros qui doit être réparti dans différents domaines. Ainsi, pour l’instant, 300 millions d’euros doivent être investis dans l’Open RAN, 237 millions d’euros dans un pôle de recherche pour la 6G, 250 millions d’euros dans la stimulation de la demande et l’expansion des réseaux 5G, et 550 millions d’euros dans le projet européen de dynamisation du secteur des microprocesseurs.

« La prospérité et la compétitivité de l’Allemagne et de l’Europe dépendront de plus en plus de la maîtrise des nouvelles technologies de communication. Cela nécessitera un engagement politique et industriel commun au niveau national et européen » explique le document que s’est procuré POLITICO.

Les récentes mesures prises contre Huawei ont révélé une forte dépendance à Nokia et Ericsson pour opérateurs européens. Bien qu’il s’agisse de sociétés installées dans l’UE, le recours à l’Open RAN se présente comme moderne, et surtout comme une solution plus pérenne. Ce projet de l’Allemagne fait certainement écho à l’appel d’Orange, Deutsche Telekom, Telefónica, et Vodafone, pour rendre l’Open RAN compétitif face aux solutions traditionnelles. Un cercle vertueux pour les trois acteurs principaux du marché, mais qui ne va pas dans le sens du plus grand nombre. « L’Allemagne et l’Europe doivent de toute urgence renforcer leurs compétences et développer des écosystèmes industriels pour les technologies Open RAN et 6G, y compris le matériel et les logiciels », poursuit le document.

Il faut dire que l’Open RAN n’est pas accessible à tous. Seul Rakuten au Japon fait office de modèle. Mais l’opérateur a bénéficié d’un avantage certain : construire son réseau en partant de rien. Concrètement, Rakuten Mobile se fournit chez Cisco, Intel, Altiostar, Nokia, OKI, Fujitsu, Ciena, Netcracker, Qualcomm, Mavenir, Quanta, Sercomm, Allot, Innoeye, ou encore Viavi. L’ensemble du matériel est fusionné grâce à des interfaces ouvertes construites par Red Hat.

Pour l’Allemagne et l’Europe, il s’agira non seulement de faire émerger des acteurs pour la partie matérielle, mais aussi pour la partie logicielle. Un défi de taille, qui pourrait être accéléré par le projet européen dans le domaine des semi-conducteurs, et la proposition du gouvernement allemand.