La Cyberspace Administration of China (CAC), l’organisme de surveillance du web en Chine, vient d’annoncer une révision de des règles de diffusion qui concernent directement les réseaux sociaux et plus particulièrement Weibo et WeChat. Une nouvelle tentative du gouvernement de réprimer les fausses nouvelles et les autres activités en ligne perçues comme « nuisibles » et faire peser la responsabilité des contenus sur les plateformes qui les hébergent.

Les réseaux sociaux sont dans le viseur de Pékin

Le 22 janvier 2021, la Cyberspace Administration of China a publié cette fameuse mise à jour qui doit entrer en vigueur le 22 février. Comme l’explique le South China Morning Post, il s’agit du premier grand changement depuis 2017, date à laquelle le gouvernement avait déjà fait appliquer certaines restrictions pour les entreprises WeChat et Weibo. Cette réglementation de 2017 avait pour objectif d’imposer aux réseaux sociaux de s’assurer que les contenus diffusés véhiculent bien une « énergie positive ».

La nouvelle réglementation présentée il y a quelques jours va encore plus loin et veut faire peser la responsabilité des contenus sur les réseaux sociaux. Seront interdits : la diffusion de fausses nouvelles, l’incitation à des émotions extrêmes, le plagiat, la cyber-intimidation, le chantage et le gonflement artificiel du nombre de clics. Selon la Cyberspace Administration of China, ce nouveau règlement vise à « protéger la sécurité des contenus et à maintenir un cyberespace sain ». Les analystes estiment que cette réglementation risque de forcer les réseaux sociaux à consacrer plus de moyens au contrôle des contenus.

Selon Paul Haswell, associé du cabinet d’avocats international Pinsent Masons : « les réseaux sociaux sont aujourd’hui soumis à une réglementation similaire à celle de la presse traditionnelle. Cela signifie que les plateformes devront faire preuve de beaucoup plus de prudence dans la modération et l’examen du contenu, ce qui pourrait entraîner des coûts considérables. Je pense que nous pouvons assister à une répression forte de l’information en ligne en 2021 et au cours des années à venir ».

Une diffusion bridée et un risque majeur pour la liberté d’expression

C’est une réglementation similaire à celle que Donald Trump a tenté de faire passer en révisant la fameuse section 230 du Communications Decency Act. Les États-Unis veulent également faire peser la responsabilité des contenus diffusés sur les plateformes qui les hébergent. Cela risque également de pousser les géants américains comme Facebook ou Twitter, à être beaucoup plus vigilant et pourquoi pas à créer des algorithmes capables de supprimer directement les contenus jugés « nuisibles ou dangereux ».

En Chine, la censure a commencé à se durcir avec l’apparition de la pandémie de Covid-19. Pendant plusieurs mois, le gouvernement du pays a été victime de nombreuses critiques quant à sa gestion de l’épidémie, WeChat et YY (entre autres) ont dû bloquer tout ce qui concernait le coronavirus. Ils ne faisaient que respecter la loi en place qui stipule que : « les entreprises chinoises qui diffusent de l’information doivent imposer une censure très stricte lorsque des contenus tentent de saper la stabilité sociale ou critiquent le gouvernement central ».