Le ton monte entre Google et l’Australie. Le géant de Mountain View a menacé de retirer son moteur de recherche du pays si le projet de loi visant à le contraindre à payer les médias venait à passer, ont rapporté nos confrères de The Verge.

Un projet de loi pour sauver les médias australiens

À l’heure actuelle, Google et Facebook diffusent des articles de presse gratuitement sur leurs plateformes, et gardent pour eux l’intégralité des revenus publicitaires générés par ces derniers. Un système insoutenable pour les médias australiens qui traversent une crise sans précédent, et tout aussi insupportable pour leur gouvernement qui cherche à corriger cette situation à travers la mise en place d’un nouveau cadre légal.

C’est ainsi qu’en juillet dernier, le pays a présenté un nouveau code de conduite visant à contraindre Google et Facebook à rémunérer les médias. Si celui-ci venait à être accepté, les deux géants seraient obligés de partager les revenus générés par les articles de presse, sans quoi ils seraient sujet à de lourdes sanctions financières. Plus encore, ils devraient également partager les modifications à venir sur leurs algorithmes de diffusion de contenus dans les flux des utilisateurs.

Une nouvelle à laquelle Google a rapidement réagi au travers d’une lettre ouverte directement adressée aux citoyens australiens. Dans celle-ci, le géant de Mountain View affirmait notamment que ce code de conduite donnerait un avantage injuste aux médias par rapport aux autres entreprises, qu’il présenterait un risque pour la protection des données privées des utilisateurs, et qu’il entacherait la qualité de certains de ses services, comme par exemple son moteur de recherche ou encore YouTube. L’entreprise terminait en promettant de « faire tout son possible pour que cette proposition soit modifiée ».

Google ne l’entend pas de cette oreille

Chose promise, chose due. C’est devant la commission sénatoriale de l’économie australienne que Mel Silva, vice-président de Google Australie et Nouvelle-Zélande, a annoncé : « Si cette version du code devenait une loi, cela ne nous laisserait pas d’autre choix véritable que de suspendre Google Search en Australie. Après avoir examiné la législation en détail, nous en avons conclu que nous ne voyons pas comment, avec de tels risques financiers et opérationnels, nous pourrions continuer à offrir un service en Australie ».

En outre, Google estime que ce code de conduite « créerait un précédent insoutenable aussi bien pour notre entreprise que pour l’économie du numérique » et qu’il n’est « pas compatible avec le fonctionnement des moteurs de recherche ». Un point de vue qui semble être partagé par le célèbre informaticien Tim Berners-Lee. Également entendu lors de cette audience, le créateur du World Wide Web (WWW) a déclaré que « cette loi risque de violer un principe fondamental du web en exigeant un paiement pour la création de liens entre certains contenus en ligne ».

Face à ces déclarations, le Premier ministre australien, Scott Morrison, a rapidement réagi en affirmant « ne pas plier face aux menaces », avant d’ajouter : « C’est l’Australie qui fait les règles quant à ce qui peut être fait en Australie. C’est notre Parlement qui en décide. Et c’est comme ça que les choses fonctionnent ici, en Australie ». Le message a le mérite d’être clair : le gouvernement australien ne compte pas plier face aux menaces du géant de Mountain View.

Si la situation semble être irrémédiablement bloquée, Mel Silva espère encore que des ajustements pourront être faits avant d’en arriver à mettre ses menaces à exécution : « Il y a un chemin clair vers l’élaboration d’un code juste avec lequel on peut travailler, si on y apporte simplement de légers amendements ». L’Australie serait-elle prête à entendre et accepter des concessions allant dans ce sens ? Difficile à dire.

En attendant, en France, les choses se passent bien mieux puisqu’après de longs mois de conflit, un accord vient enfin d’être trouvé entre Google et les éditeurs de presse concernant le droit voisin. Concrètement, cela signifie que les médias français devraient bientôt être rémunérés par le géant de Mountain View.