Après avoir été plongés dans le noir et dans le silence pendant les jours qui ont précédé les élections, les ougandais célèbrent le retour d’Internet depuis le 19 janvier. En revanche, les réseaux sociaux ne sont toujours pas accessibles dans le pays. Des restrictions imposées par le dictateur en place depuis maintenant 35 ans en Ouganda, Yoweri Museveni, qui vient justement de remporter son sixième mandat avec 58,6% des voix.

L’Ouganda n’autorise toujours pas l’accès aux réseaux sociaux

Après avoir bloqué l’accès aux sites pornographiques en 2018, l’Ouganda a décidé de couper tout accès à Internet avant les élections qui se sont tenues le 14 janvier. Une mesure qui a déconnecté des millions d’Ougandais entre eux et avec le reste du monde. Yoweri Museveni était évidemment derrière cette manigance. Selon les chiffres du gouvernement, Yoweri Museveni serait vainqueur avec 58,6% des voix et Bobi Wine aurait recueilli 34% des voix.

Il y a vu une opportunité pour affaiblir son opposant Bobi Wine durant la campagne. Le porte-parole du parti de l’opposition, Joel Ssenyonyi, a accusé Yoweri Museveni d’avoir fermé Internet pour empêcher son parti de partager les preuves da la fraude. Il précise que les membres de son parti sont en train de collecter des preuves d’irrégularités.

Les ougandais ont pu retrouver un accès à Internet depuis quelques heures. Cependant, ils ne peuvent toujours pas utiliser les réseaux sociaux qui semblent encore bloqués. Joel Ssenyonyi a déclaré que : « Yoweri Museveni et ses troupes ne veulent pas que notre travail soit diffusé sur les réseaux sociaux parce qu’ils savent que nous sommes en train de rassembler des preuves pour montrer au monde entier à quel point le président ougandais est un fraudeur ».

Bobi Wine ne peut toujours pas s’exprimer

Selon le Dr. Alexi Drew, une chercheuse du King’s College : « ce qui se passe en Ouganda est en train de devenir la pièce standard du manuel de fonctionnement du régime autoritaire. Nous l’avons vu en Égypte, en Inde, et maintenant nous le voyons simultanément en Éthiopie dans ce qui est présenté comme une action policière, et coupant la communication politique publique lors d’une élection en Ouganda”. Les pays africains semblent avoir de plus en plus recours à cette pratique qui viole totalement la liberté d’expression des peuples.

Selon la loi ougandaise, les opposants ont 15 jours après l’annonce du vainqueur, pour contester les résultats devant la Cour suprême. Pour le moment, des soldats bloquent la maison de Bobi Wine et ses partisans craignent qu’il ne puisse pas en sortir avant le délai légal prévu pour la contestation. Des officiers de police ont déclaré que cette mesure vise à empêcher l’homme politique d’inciter les ougandais à la violence.

Plusieurs sources affirment que Yoweri Museveni aurait décidé de bloquer Internet en Ouganda après avoir été « irrité » par une décision de Facebook. Le réseau social avait décidé de supprimer plusieurs comptes liés au parti au pouvoir. Le président a déclaré ceci : « il est impossible que quelqu’un vienne ici jouer avec notre pays et décider qui est bon et qui est mauvais ».