Entre le télétravail, les activités connectées à la maison et un nouveau rapport à la santé, l’année 2020 et la crise sanitaire ont complètement bouleversé notre quotidien et avec lui notre consommation des objets connectés dit « prêt-à-porter ». Entendons par cette expression des produits technologiques sous forme de vêtements ou d’accessoires que l’on porte sur nous comme les montres, les bracelets, les écouteurs et casques, les patchs, les chaussures, etc. On les appelle également des wearables. Selon Gartner, les dépenses mondiales concernant ces appareils s’élèvent à 69 milliards de dollars en 2020. Un montant bien au-delà des estimations du cabinet de conseil un an plus tôt qui misait plutôt sur un marché à 51,5 milliards de dollars. Ainsi, au lieu d’une hausse de 27% par rapport à 2019 (40,5 milliards), le secteur s’envole avec une croissance de 70%.

Comment expliquer une telle envolée ? À année exceptionnelle, résultats exceptionnel ! Pour Gartner, la pandémie du coronavirus est la principale cause de ces résultats inédits pour plusieurs raisons : la généralisation du télétravail, le désir d’analyser soi-même son état de santé et la multiplication des activités sportives à la maison.

Les montres et les écouteurs connectés dans le haut du tableau

Comme l’année dernière, les montres connectées sont les accessoires les plus populaires. Outils couteau-suisse directement reliés au smartphone, elles séduisent de plus en plus le public au fur et à mesure que les tarifs baissent et que les performances et services augmentent. En 2020, les montres connectées ont représenté une dépense mondiale de 21,8 milliards de dollars, soit 17,6% de plus qu’en 2019. Pour Gartner, la croissance devrait se poursuivre avec un chiffre d’affaires à 25,8 milliards en 2021, et 31,3 milliards en 2022.

En revanche, ce sont les écouteurs connectés qui enregistre la plus forte croissance. Ils avaient déjà connu un joli succès l’année dernière. Au regard des chiffres, la consommation de ces accessoires a plus que doublé en un an, passant de 14,6 à 32,7 milliards de dollars. Le cabinet de conseil prévoit toutefois une croissance plus plate à l’avenir (39,2 milliards en 2021 et 44,1 milliards en 2022). Il faut dire que l’année dernière, les conditions étaient propices à leur utilisation : dans le cadre du télétravail et des nombreuses sessions de visioconférences, les salariés se sont équipés en masse !

Tableau estimatif du marché des objets connectés "prêt-à-porter" ente 2029 et 2022 selon Gartner

Source : Gartner (janvier 2021)

Le boom des accessoires connectés liés à la santé

La crise sanitaire liée à la COVID-19 a également profondément modifié notre comportement vis-à-vis de notre santé. Outre le fait de se laver plus régulièrement les mains, nous faisons davantage attention à notre bien-être et à d’éventuels symptômes de maladie. Les accessoires connectés, qui étaient autrefois privilégiés par les personnes atteintes de troubles particuliers, se sont ainsi démocratisés à l’instar des smart patchs. Installés contre la peau, ces derniers prennent régulièrement certaines mesures (comme le taux de sucre dans le sang pour les diabétiques) et diffusent par les pores de la peau les réponses nécessaires (une dose d’insuline par exemple). D’autres utilisations parleront peut-être mieux aux plus fêtards : un patch a été créé pour diffuser des vitamines tout au long d’une soirée prévue un peu arrosée pour limiter les maux de tête le lendemain.

Le marché sur ce secteur était un peu ralenti selon Gartner car les consommateurs n’étaient pas à l’aise avec la notion de prise de médicament automatique. « Les correctifs intelligents existent depuis un certain temps, mais leur adoption a été lente en raison du strict respect de la réglementation et de la résistance des utilisateurs et du personnel médical à adopter une administration automatisée des médicaments », explique Ranjit Atwal, senior research analyst chez Gartner. La crainte semble s’être notamment dissipée grâce aux améliorations techniques des accessoires. Les appareils sont en effet de plus en plus précis dans la prise et l’analyse de données. Tant et si bien que l’écart de performance entre les appareils de qualité médicales et non médicales se réduit considérablement, notamment pour l’Apple Watch qui commence à faire ses preuves en matière de santé connectée.

Le marché des wearables pourrait atteindre 81,5 milliards de dollars en 2021

Enfin, le dernier facteur qui explique l’engouement pour les objets connectés « prêt-à-porter » se situe selon Gartner au niveau de la miniaturisation des capteurs. Le cabinet de conseil estime que, d’ici 2024, 10% de l’ensemble de ces technologies deviendront transparentes pour l’utilisateur. Cet argument devrait convaincre nombre de personnes de s’équiper, notamment les personnes âgées qui se refusent à adopter des appareils auditifs pour ne pas montrer qu’elles n’entendent rien !

Selon le cabinet de conseil, pour toutes les raisons précédemment décrites, l’engouement pour les objets connectés ne devraient pas retomber dans les prochaines années. Gartner mise même sur une année 2021 à 81,5 milliards de dollars, soit une nouvelle augmentation du marché de 18,1%. Le chiffre pourrait même monter à 93,85 milliards en 2022. Un bel avenir en perspective, à conditions que le secteur reste transparent quant à l’utilisation faite des données collectées, entre autres.