Selon plusieurs sources citées par Reuters, les régulateurs chinois s’apprêtent à forcer leurs géants de la tech à leur partager des données sensibles sur les prêts à la consommation des utilisateurs. Une démarche qui s’inscrit dans le cadre des nouvelles réglementations antitrust en Empire du Milieu, où les autorités veulent serrer la vis au secteur de la fintech.

En effet, depuis qu’il a interrompu l’introduction en bourse historique d’Ant Group, le gouvernement montre son ambition de reprendre le contrôle sur ses géants technologiques. En plus de lancer une enquête antitrust à l’encontre d’Alibaba, la Chine a également demandé à Ant Group de remodeler ses activités, et il semblerait qu’elle souhaite aller bien plus loin.

Les autorités vont ainsi ordonner aux plateformes de transmettre leurs vastes données sur les prêts à certaines des agences de crédit nationales. Ensuite, ces agences qui sont soutenues par la Banque populaire de Chine, partageront ces données avec les banques et les autres prêteurs afin d’évaluer les risques et d’éviter les surendettements. Cela va notamment concerner Ant Group, Tencent ainsi que JD.com. Il s’agirait d’une première pour des entreprises en général réticentes à l’idée de transmettre leurs données, car elles leur servent d’atout crucial pour mener leurs opérations et attirer de nouveaux clients.

Cette mesure va probablement impacter les revenus de firmes comme Alipay. Cette dernière possède en effet des données sur plus d’1 milliard d’utilisateurs et sur près de 80 millions de commerces. Ant Group détient par ailleurs l’application Sesame Credit, qui offre des informations limitées sur les emprunteurs à une centaine de banques, et prélève ce que des « frais de service technologique », c’est-à-dire un taux de 30 à 40 % des intérêts sur les prêts qu’elle facilite. De leur côté, Tencent et JD.com sont moins populaires dans le domaine de la fintech, mais leurs filiales sont tout de même engagées avec des millions de Chinois.

En ayant accès à ces données, les autorités vont ainsi pouvoir reprendre le contrôle sur les petites banques, qui sont en position de faiblesse dans leurs partenariats avec les géants technologiques, et sur le secteur financier en général. « Lorsque des défauts de paiement se produisent, ils doivent assumer la plupart des pertes. Il est crucial que les prêteurs aient un meilleur accès à des données de crédit plus complètes et plus détaillées sur les emprunteurs », déclare un régulateur qui refuse d’être nommé en raison de la sensibilité de la question.

Pour l’instant, les entreprises concernées n’ont pas souhaité commenter cette décision.