L’autorité de la concurrence et des marchés britanniques (CMA) va ouvrir une enquête sur le rachat d’Arm par Nvidia. « L’industrie des microprocesseurs se chiffre en milliards et est essentielle à de nombreux produits que nous utilisons très fréquemment dans notre vie quotidienne », affirme, dans une déclaration, le directeur général de la CMA, Andrea Coscelli. Pour cause, les puces Arm alimentent une grande majorité des smartphones aujourd’hui en circulation à travers le monde. Avant de lancer son enquête, toujours selon sa déclaration, « la CMA invite les tierces parties intéressées à donner leur opinion sur la future acquisition d’Arm par Nvidia ».

En septembre 2020, Nvidia annonçait racheter Arm pour 40 milliards de dollars. Arm travaillant avec de nombreux concurrents de Nvidia, l’annonce a suscité des craintes, notamment sur la neutralité du modèle de licences. Le cofondateur d’Arm, Hermann Hauser s’est ainsi inquiété des éventuelles répercussions sur le modèle économique de l’entreprise, ainsi que sur l’emploi et la souveraineté économique du pays. Par ailleurs, il a créé le site web savearm – sauver arm – qui recueille des signatures afin d’empêcher le rachat. Selon le site, au 12 octobre 2020, 2 000 signatures ont été obtenues.

Arm est considéré comme l’un des fleurons de l’économie britannique. Sur ses 6 500 employés, 3 000 se trouvent au Royaume-Uni. Lors du précédent rachat d’Arm, par le conglomérat japonais SoftBank, le Royaume-Uni s’était assuré que les emplois au sein de son pays soient sauvegardés. Toutefois, cette problématique ne relève pas des compétences de la CMA. Sur ce point, tout en promettant d’augmenter sa masse salariale au Royaume-Uni, Nvidia a accepté le maintien du siège social d’Arm à Cambridge.

Le directeur général d’Arm, Simon Segars, confiait en décembre à CNBC qu’ils s’attendaient à ce que les autorités « examinent attentivement » l’accord. C’est pourquoi les deux entreprises ont annoncé qu’elles espéraient conclure l’accord au début de l’année 2022, afin de répondre aux contrôles réglementaires des États-Unis, de l’Union Européenne et de la Chine. « Nous travaillerons en étroite collaboration avec les autres autorités de la concurrence dans le monde afin d’examiner attentivement l’impact de l’accord et de veiller à ce qu’il n’aboutisse pas en fin de compte à ce que les consommateurs soient confrontés à des produits plus chers ou de moindre qualité », détaille Andrea Coscelli.

« C’est un long processus. Il y a beaucoup d’échanges qui doivent se faire avec les autorités de régulation pour fournir les informations qu’elles veulent », estime Simon Segars. Depuis l’annonce de Nvidia sur le par Arm, ce n’est pas le premier obstacle qui s’immisce dans l’acquisition. En novembre, le rachat de Nvidia par Arm bloquait du côté de la coentreprise chinoise d’ARM, à cause d’un conflit d’intérêt autour du licenciement de son PDG, Allen Wu.