Les autorités américaines réfléchissent à compléter la liste d’entreprises chinoises à retirer de Wall Street. Cette fois-ci, deux géants du numérique sont visés : Tencent et Alibaba. Une décision qui doit être mûrement réfléchie, car leur capitalisation boursière représente 1,3 billion de dollars.

La bourse américaine : nouveau terrain de jeu protectionniste

Depuis plusieurs semaines, les États-Unis ont placé une épée de Damoclès au dessus de quelques dizaines d’entreprises chinoises. Poursuivant sa lutte pour bouter hors du pays tout symbole de puissance économique chinoise, la décision a été prise de bannir 35 entreprises de l’Empire du Milieu de la bourse de New York (NYSE). Parmi elles, se trouvent notamment les principaux opérateurs télécoms China Mobile, China Telecom, et China Unicom Hong Kong. D’autres entreprises présentes sur des secteurs stratégiques comme les microprocesseurs, l’aérospatiale, ou encore l’informatique, étaient visées.

Face à la quantité de capitaux engagée, le NYSE avait fini par faire machine arrière sur le retrait des trois opérateurs. Avant, une nouvelle fois, de revenir sur leur décision et confirmer la suppression de leurs titres des listes. Un rebondissement qui suit de « nouvelles directives spécifiques » émanant directement du Département du Trésor des États-Unis.

En Chine, le gouvernement a évidement exprimé son mécontentement, évoquant la possibilité que les États-Unis perdent de leur superbe sur les marchés financiers internationaux. « Je suis sûre que tous les pays, et pas seulement la Chine, surveillent ce que les États-Unis prévoient de faire, ce qui déterminera s’ils peuvent être considérés comme un partenaire fiable ou digne de confiance pour coopérer », avait déclaré une porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères suite à l’annonce.

Deux nouveaux boucs émissaires

Concernant le retrait de Tencent et d’Alibaba, le temps est pour l’instant à la réflexion. Ces entreprises sont présentes sur le marché depuis si longtemps, et leur titre a été privilégié par un certain nombre de fonds communs de placements américains, ou d’investisseurs. Même si elles ne sont pas suivies par les indices majeurs de Wall Street, qui privilégient les entreprises américaines, Alibaba et Tencent restent des poids lourds.

Le Département du Trésor doit donc étudier soigneusement les ramifications des deux titres sur le marché financier américain. En effet, une vente forcée, trop importante en valeur ou en volume, pourrait ébranler le marché.

Après avoir lancé une cabale contre Huawei, Trump veut finir son mandat en se frottant à deux géants chinois du numérique. Au début du mois, le gouvernement américain a commencé un compte à rebours de 45 jours à la fin duquel, huit applications chinoises seront bannies. La moitié d’entre-elles appartiennent à Alibaba et Tencent, et il s’agit principalement de services de paiements : Alipay, QQ Wallet, WeChat Pay.

Si l’année 2020 du président Trump a été marquée par ses nombreuses mesures protectionnistes, cette tendance persiste jusqu’à la fin de son mandat. Il s’agira désormais de savoir ce que Joe Biden fera avec les reliques laissées par le président sortant. D’un côté, le marché boursier américain pourrait être secoué par la sortie de deux mastodontes. De l’autre, l’interdiction des huit applications doit entrer en vigueur une dizaine de jours après son investiture. Deux opportunités à saisir pour le nouveau président afin de donner le ton sur sa politique économique internationale.