En 2021, Doctolib s’attaque à un nouveau marché européen. Après l’Allemagne en 2016, c’est donc une nouvelle étape dans l’expansion internationale de cette entreprise créée en France en 2013. La levée de fonds de 150 millions d’euros en mars 2019, qui lui a permis d’être valorisée à plus d’un milliard d’euros, devait aider, entre autres, à “s’implanter dans de nouveaux pays“. L’entreprise mise donc sur l’Italie.

En effet, plusieurs postes sont ouverts, dont au moins 2 à Milan à ce jour. La première recrue devrait être un(e) Head of Technical Services afin de mener la stratégie de croissance locale et construire une équipe de Solutions Engineers. Doctolib recherche également un(e) Sales Excellence Analyst pour structurer l’organisation commerciale. D’autres postes sont à pourvoir pour travailler sur le marché italien mais depuis le second siège social de l’entreprise, à Berlin. Le service communication n’a cependant pas souhaité confirmer l’information : “Nous réfléchissons aux différents pays dans lesquels nous pourrions nous développer en Europe et au-delà. Cette réflexion est toujours en cours chez Doctolib et les équipes explorent plusieurs pays. Nous n’avons aucun projet confirmé à ce stade.”

L’entreprise compte à ce jour 1 500 employés répartis entre la France et l’Allemagne et recruterait environ 500 personnes en 2021. Ce développement s’effectue alors que la jeune pousse, désormais devenue licorne, est notamment portée par l’essor fulgurant de la télémédecine en 2020. En effet, Doctolib a vu ses services de téléconsultation décoller avec 4,5 millions d’actes entre mars et septembre 2020 en France, soit 45 fois plus que pendant tout 2019. En revanche, l’internationalisation de l’entreprise s’effectue avec plus de prudence que prévu il y a quelques années. En 2015, le PDG Stanislas Niox-Chateau avait alors l’ambition de lancer la plateforme dans 6 pays en l’espace de 18 mois.

Très touchée par la pandémie de la Covid-19, l’Italie devrait de son côté être le premier bénéficiaire du plan de relance Next Generation UE en recevant 209 milliards d’euros de prêts et subventions. Le plan d’investissements et de réformes italien doit être finalisé d’ici le 30 avril 2021. Le projet, présenté au Conseil des Ministres le 6 décembre, proposait d’allouer 9 milliards d’euros à la santé, dont 4,8 milliards portant sur l’aide de proximité et la télémédecine et 4,2 milliards destinés aux projets d’innovation et de numérisation de l’assistance médicale.

Doctolib ne sera cependant pas seul sur le marché des rendez-vous médicaux et des consultations en ligne. Le groupe polonais DocPlanner, qui propose ses services dans une douzaine de pays à travers l’Europe et l’Amérique latine et centrale, est également présent en Italie via la plateforme MioDottore.com. Cependant, le service de télémédecine de MioDottore, débuté en mars 2020, a enregistré quelque 140 000 visites en ligne en 7 mois quand Doctolib atteint les 100 000 consultations vidéos par jour. De même, les français avaient pris 250 millions de rendez-vous sur la plateforme en 2019 tandis que l’entreprise qui se positionne comme leader en Italie en enregistra 2,5 millions.

Si la fiche de poste de la première recrue mentionne la construction d’une équipe locale en partant de zéro, le secteur européen de la prise de rendez-vous médicaux en ligne, dont les acteurs se sont à peu près tous lancés dans la téléconsultation, fut néanmoins fréquemment sujet à une consolidation du marché et à l’acquisition d’entreprises. En 2018, Doctolib achetait Mondocteur pour devenir le seul acteur majeur en France. De son côté, DocPlanner captait les marchés espagnol, via Doctoralia en 2016, et turque avec Eniyihekim en 2014. Le Luxembourgeois Doctena base même sa stratégie d’expansion sur le rachat de ses concurrents et est désormais implanté dans le Benelux, en Autriche et en Allemagne.