Dans un billet de blog relayé le mardi 15 décembre, Facebook détaille la suppression de faux comptes, vraisemblablement coordonnées « par la France et de la Russie« , dans deux opérations de désinformation distinctes. D’après Nathaniel Gleicher, Head of Security Policy chez Facebook, ces faux comptes en lien avec l’armée française, tentaient d’influencer plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

Les commanditaires seraient en lien avec l’armée française

Dans ses conclusions, Facebook précise que : « c’est la première fois que notre équipe a découvert que deux campagnes, de France et de Russie, s’engageaient activement l’une envers l’autre, notamment en se liant d’amitié avec la partie adverse, en la commentant et en la critiquant parce qu’elle relaye de fausses informations ».

En novembre 2019, Facebook avait déjà démantelé un premier réseau de désinformation russe. Le réseau social supprimait à l’époque 200 comptes. Selon Nathaniel Gleicher, le réseau découvert récemment serait une tentative pour reconstruire les opérations après ce premier démantèlement.

C’est la première fois que Facebook affirme qu’une opération de désinformation aurait été pilotée depuis la France. Dans ses conclusions, le réseau social précise que cette opération, en lien avec l’armée française, visait principalement la République centrafricaine et le Mali, et dans une moindre mesure le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Tchad.

Les commanditaires auraient utilisé de faux comptes pour se faire passer pour des locaux dans les pays qu’ils visaient. Ils ont publié et commenté de nombreux contenus et géré des pages et des groupes. Le ministère des Armées a indiqué que : « la France n’était pas à ce stade en mesure d’attribuer d’éventuelles responsabilités ». Un porte-parole a tout de même précisé qu’il n’était « pas étonné par les conclusions de Facebook ».

Deux opérations de désinformation distinctes en Afrique

Des publications en français et en arabe à propos de la politique de la France, dans les pays francophones africains. L’objectif derrière cette opération était de rassurer sur la situation sécuritaire dans divers pays africains, partager des commentaires de soutien envers l’armée française et critiquer l’implication de la Russie en République centrafricaine. Une stratégie qui s’abaisse donc au niveau de celle des russes


De son côté, la stratégie russe consistait à s’appuyer sur des ressortissants locaux dans les pays visés pour générer du contenu « authentique » et gérer leur activité. C’est une évolution majeure dans les caractéristiques des opérations d’influence. Facebook en a conscience et précise que : « nous savons que les opérations de ce type continueront à faire évoluer leurs tactiques, en réaction à notre détection ».

Ce rapport a été partagé avec les autorités des pays concernés. Comme le rappelle le réseau social : « si nous progressons dans l’éradication de ces abus, il s’agit d’un effort continu et nous nous engageons à nous améliorer constamment pour garder une longueur d’avance ».