Selon Politico, le Portugal s’apprête à présenter une stratégie qui vise à renforcer et à sécuriser les infrastructures européennes. Lisbonne place la souveraineté numérique de l’Europe dans ses priorités et propose de déployer un réseau de câbles de sous-marins pour moderniser le réseau du vieux continent.

Lisbonne milite pour plus de souveraineté numérique

Le mois prochain, le Portugal prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne. Le Pays semble être à l’unisson sur cette question car l’ensemble des partis politiques soutiennent aujourd’hui ce projet. Cela devrait faciliter le travail. Si la sécurité est au cœur du projet, la stratégie de Lisbonne consiste également à accroître les échanges de données sous-marines à travers l’Europe ainsi que vers d’autres continents. Pour le Portugal, ce plan est aujourd’hui nécessaire pour la stratégie numérique de l’Europe. Le pays estime que : « les politiques numériques actuelles de la Commission européenne négligent largement la dimension extérieure ».

Au niveau européen, un projet de taille est tout de même soutenu par la France et l’Allemagne. Il s’agit de Gaia-X, un projet de cloud européen officialisé en juin 2020 par les ministres Bruno Le Maire et Peter Altmaier. Une initiative qui doit permettre aux entreprises européennes de profiter de services cloud extrêmement performants. Aujourd’hui ce projet est composé de 22 membres fondateurs dont OVHcloud, Scaleway, Atos, Orange ou encore EDF. Mais il ne s’agit pas connexions sous-marines et Lisbonne est convaincu que le contrôle des câbles est un sujet sur lequel l’Europe doit se positionner.

Est-il encore temps d’investir dans un réseau de câbles sous-marins ?

Les géants du web investissent quasiment tous dans cette « épine dorsale » de l’internet et l’Europe pourrait bien se réveiller trop tard. Google prépare par exemple un câble sous-marin pour relier les États-Unis à l’Espagne ainsi qu’au Royaume-Uni. Un projet censé voir le jour dès 2022. De son côté, Facebook a pour objectif de connecter l’Afrique avec un immense câble sous-marin dans le cadre de son projet 2Africa. Bref, pour Lisbonne, il est temps de se réveiller. Selon un diplomate portugais qui a participé à la rédaction de ce projet : « ni la Commission européenne, ni nous, ni les autres États membres n’avons la moindre idée de la quantité de données qui transitent par ces câbles ».

Une projet qui pourrait rapidement se transformer en une déclaration beaucoup plus conséquente pour aller chercher le soutien d’autres pays de l’Union européenne. Lisbonne appelle les législateurs européens à rédiger une « stratégie européenne sur les plateformes de passerelles de données ». Au cœur de cette stratégie, les parlementaires portugais estiment qu’il est indispensable de retrouver les éléments suivants : « la cartographie de la façon dont les données entrent et sortent d’Europe par les câbles sous-marins, la liste des systèmes de câbles qui doivent être remplacés dans la prochaine décennie, et la proposition d’une stratégie pour traiter les risques de sécurité et de dépendance ».

Actuellement, les données qui entrent et qui sortent de l’Europe proviennent la plupart du temps des États-Unis et traversent donc l’Atlantique. Lorsqu’elles arrivent sur le vieux continent, elles atterrissent d’abord au Royaume-Uni. Voilà qui devrait rapidement poser problème à cause du Brexit. Les flux de données européens ne seront certainement plus autorisés à passer par le Royaume-Uni, un pays qui ne fait plus partie de l’Union européenne. Bref, Lisbonne compte bien aborder ces différents sujets dans les prochaines semaines à la Commission.