Le 4 décembre 2020, Singapour a accordé une licence bancaire complète au consortium Grab-Singtel, deux acteurs singapouriens. Cette attribution fait suite à une demande de licence de banque numérique, déposée il y a un an. Ce consortium est détenu à 60% par Grab et à 40% par Singtel, une répartition annoncée en même temps que la demande.

Trois autres licences ont également été accordées, une au chinois Ant Group, propriété d’Alibaba, une autre au groupe Sea, et une dernière au consortium 100% chinois regroupant Greenland Financial Holdings, Linklogis Hong Kong, et Beijing Co-operative Equity Investment Fund Management. Si l’objectif initial du gouvernement singapourien était d’accorder cinq licences. Si elle n’en attribue seulement 4, cela ne vient pas d’un manque de candidatures, puisque 21 entreprises ont déposé un dossier.

Historiquement, Singtel œuvre dans les télécommunications et Grab dans le transport, bien que cette dernière ait diversifié ses activités, notamment avec de la livraison de produits alimentaires. D’après les autorités singapouriennes, les services de Grab-Singtel devraient faire leur arrivée sur le marché en 2022. En parallèle, Arthur Lang, directeur des affaires internationales de Singtel, a annoncé que le consortium créera 200 emplois d’ici la fin de l’année 2021.

Deux types de licences ont été attribuées. La première, intitulée licence bancaire complète, permet de fournir des services bancaires aux particuliers. La seconde, la licence bancaire de gros, permet de travailler avec des petites et moyennes entreprises, et d’autres acteurs non marchands. La licence bancaire complète est réservée aux entreprises ayant leur siège social à Singapour. Si une entreprise étrangère souhaite l’acquérir, elle doit obligatoirement former une joint-venture avec une entreprise singapourienne. En outre, la coentreprise doit être domiciliée dans la cité état.

La plus grande banque asiatique en « mesure de tenir le coup »

« Nous n’entrons pas sur le marché comme une start-up fintech typique qui essaie de faire tomber les banques en place », affirme le directeur des affaires internationales de Singtel, Arthur Lang. L’objectif du nouvel arrivant est de répondre à des besoins qui n’ont aujourd’hui pas de solution. Ce qui peut s’annoncer ardu, étant donné l’attractivité de la cité-État dans le secteur des fintech. Piyush Gupta, directeur de la Development Bank of Singapore (DBS), qui est la plus importante banque d’Asie du Sud-Est en termes d’actifs, argue que « les banques singapouriennes sont sur la voie du numérique depuis plusieurs années. […] Il n’y a quasiment aucun segment du marché qui soit sous-bancarisé ou que nous ne touchons pas ». Toutefois, le cadre de Singtel ne semble pas effrayé par ses concurrents, bien qu’il les qualifie de « très forts et redoutables ».

Piyush Gupta assure être en « mesure de tenir le coup » face à l’arrivée de nouvelles fintech. Pourtant, le 7 décembre 2020, alors que l’action de Singtel a augmenté de 5,6%, celle de DBS a décru de 1,3%. Le directeur de la DBS affirme avoir conquis des marchés de niche, comme celui des personnes âgées, et celui des petites et moyennes entreprises. Néanmoins, Piyush Gupta a déclaré surveiller de près l’activité des nouveaux arrivants.

Initialement, Singapour devait accorder ces licences au mois de juin, mais en raison de la pandémie de Covid-19, cette attribution n’arrive que maintenant. Toutefois, la cause de ce retard est aussi une source d’opportunités. En effet, la crise du SRAS-CoV-2 a modifié les habitudes de consommation, en déplaçant de nombreuses activités en ligne.