Dans la famille des inconvénients supposés de la 5G je demande… l’augmentation de la consommation d’énergie. Raté ! Nokia ne dispose apparemment pas de cette carte. L’entreprise finlandaise a publié mardi 2 décembre une étude pour prouver que la 5G n’est pas si énergivore qu’on le pense. « Les réseaux 5G sont jusqu’à 90% plus efficaces en matière d’énergie par unité de trafic que les anciens réseaux 4G », estime l’entreprise dans son communiqué.

Pour obtenir ces résultats, Nokia s’est associé avec le géant espagnol des télécoms, Telefónica. Ils ont analysé le réseau ibérique pendant trois mois sur onze scénarios, allant d’une situation avec une très faible utilisation à une période de pointe. Pourquoi ? Car le réseau 5G s’appuie sur des réseaux d’accès sans fil (RAN). Il n’a donc pas besoin de se trouver à proximité d’une antenne 5G pour fonctionner. Par définition, la 5G utilise moins d’énergie pour se connecter aux stations que l’architecture de la 4G, ce qui la rend plus efficace.

Avec la 5G, un utilisateur pourra consommer jusqu’à 220 Go/mois

Si la question de la consommation d’énergie est aussi importante, c’est parce que le réseau 5G promet des débits jusqu’à 10 fois plus rapides qu’actuellement. Qui dit plus de débit, dit aussi plus de trafic : dans un laps de temps similaire, on sera capable de faire beaucoup plus de choses comme télécharger deux films au lieu d’un seul sur notre application de vidéos à la demande préférée. La 5G ouvre aussi la voie à la maison – que dis-je ? – à la ville voire même au pays entièrement connecté ! Selon une étude d’Ericsson, un utilisateur sur cinq pourrait consommer jusqu’à 220 Go/mois en 2025 contre 2,5 Go/mois aujourd’hui en moyenne. « Il est donc essentiel que l’énergie consommée n’augmente pas au même rythme », estime l’entreprise de télécommunication finlandaise qui a débloqué 500 millions d’euros pour accélérer le développement de sa 5G.

La consommation d’énergie, c’est d’ailleurs l’un des fers de lance des détracteurs de la 5G. Cette dernière n’a pas bonne presse, notamment en Europe, où on lui prête tous les maux : les ondes seraient mauvaises pour la santé, les antennes 5G seraient liées à la propagation du coronavirus ou encore la 5G serait énergivore et donc participerait au réchauffement climatique. C’est pourquoi de nombreuses villes françaises sont réticentes à son installation. En septembre, 70 députés français ont demandé un moratoire, c’est-à-dire de suspendre le dossier en France en attendant que des études démontent ou affirment les préjugés. Moratoire non pris en compte par le président Emmanuel Macron qui a annoncé en septembre 2020 que la France prendra le tournant de la 5G.

Le débat sur la 5G peut en cacher un autre

Des études comme celle menée par Nokia seront-elles suffisantes pour faire changer d’avis les détracteurs ? Pas vraiment, car elles ne prennent en compte qu’une petite partie du problème : « l’analyse de la consommation énergétique ne doit pas être restreinte à celle de la 5G elle-même qui ne concerne que la partie transmission des informations : elle doit prendre en compte le traitement des données qui sont transmises », explique Alain Cappy, professeur émérite en électronique, dans un article sur The Conversation. Il faudrait ainsi prendre en compte calculer la consommation des appareils électroniques qui envoient et reçoivent les données (c’est-à-dire nos ordinateurs, nos smartphones, etc.). Or, ceux-ci font preuve actuellement d’une mauvaise efficacité énergétique.

En réalité, la question autour de la consommation énergétique de la 5G cache une problématique beaucoup plus globale : notre utilisation exponentielle d’Internet et des objets connectés. Si le réseau 5G peut apporter des améliorations conséquentes dans de nombreux domaines, d’autres utilisations semblent plus anecdotiques et superflus. Faut-il limiter notre consommation, améliorer au maximum nos installations, définir un ordre d’utilisation ? Vaste débat !