Visuellement et gustativement parlant, ces nuggets désormais autorisés à la consommation humaine à Singapour sont quasi les mêmes que n’importe quels autres nuggets. Pourtant, ils sont constitués d’une viande cellulaire, c’est-à-dire cultivée en laboratoire. Concrètement, on prélève via une biopsie une cellule sur le poulet, on nourrit cette cellule dans une sorte de bouillon nutritif, on attend que les cellules se multiplient pour atteindre une taille raisonnable et… Hop, c’est prêt ! On pourra bientôt en manger ? En France, non. Mais à Singapour, oui ! Le gouvernement vient d’autoriser la start-up Eat Just à vendre ses pépites de poulet au public, selon l’AFP.

Cela faisait deux ans que l’entreprise basée à San Francisco attendait une approbation officielle. Avant de donner leur « go », 7 experts dans divers secteurs (toxicologie alimentaire, bio-informatique, science alimentaire, nutrition, etc.) ont analysé chaque étape de production du produit, pour être sûr qu’il ne représente aucun danger.

Pourquoi Singapour est le premier pays à autoriser la viande en culture ?

La république asiatique n’a pas de prédisposition particulière qui expliquerait l’introduction de la viande cellulaire à son alimentation. Pour comprendre cette autorisation historique, il faut plutôt se pencher du côté des enjeux politiques du pays. Singapour importe actuellement plus de 90% de sa nourriture. Pour limiter sa dépendance, il s’est lancé le défi « 30 d’ici 30 ». Entendez « produire 30% de l’approvisionnement alimentaire du pays d’ici 2030 ». Cette initiative laisse ainsi plus de place à la science et aux innovations food pour lesquelles l’État a même débloqué 144 millions de dollars SGD. CQFD !

Pour le moment, un seul restaurant pourra ajouter à sa carte les premières pépites de poulet. D’après une interview accordée à la BBC, la start-up prévoit de se déployer dans d’autres restaurants avant d’investir le commerce de détail puis d’autres pays. D’ici là, le pionnier de la viande artificielle risque de se heurter à une forte concurrence. Des dizaines d’entreprises (dont KFC et SuperMeat) travaillent aussi sur le sujet. Les pays se préparent d’ailleurs à recevoir des demandes d’autorisation. En Europe, il est d’ores et déjà possible d’ouvrir un dossier auprès de l’Union européenne. Il faudra attendre plus de 18 mois pour passer l’ensemble des tests et obtenir une réponse. Pour le moment, aucune entreprise ne s’est présentée.

Les pour et les contres de la viande cellulaire

Si les entreprises sont encore un peu frileuses, l’idée de consommer de la viande en laboratoire prend de plus en plus de place dans les esprits, car elle fait écho aux préoccupations du moment : réduction des gaz à effet de serre, gain de place, lutte contre les crises sanitaires et réduction de la maltraitance animale. Pour toutes ces raisons, la viande cellulaire pourrait bien devenir l’avenir de la viande. Cependant, il convient d’ajouter à côté de la colonne des points positifs celle des points négatifs dont le prix : plusieurs centaines de dollars le kilo.

Bref, il faudra sûrement attendre des années avant de goutter ce nouveau met en France. D’autant plus que la tendance de consommation penche plutôt vers des produits les plus naturels possibles, quitte à se tourner vers des protéines végétales, comme les boulettes d’IKEA ou de Beyond Meat.