« A new name for a new day ». Comme on pourrait changer de coiffure pour symboliser un nouveau départ, l’association Libra a adopté une nouvelle identité. Elle devient l’association Diem (« jour » en latin). Son but ? Affirmer « la maturité et l’indépendance croissantes du projet », précise l’organisme basé en Suisse dans un communiqué. Il annonce également l’arrivée de nouvelles recrues à des postes-clés.

Rappelons que le projet avait été accueilli en avril 2020 d’un mauvais œil : les États, banques centrales, et régulateurs n’ont pas apprécié la proximité trop forte entre l’association et le géant Facebook. Ils avaient également mis le doigt sur certains aspects du projet comme des risques pour la stabilité du système financier, la lutte contre le blanchiment d’argent, ou la protection des données personnelles. « Le nom original était lié à une première itération du projet qui a reçu un accueil difficile de la part des régulateurs. Nous avons radicalement changé cette proposition », admet auprès de Reuters le nouveau PDG de l’association Stuart Levey.

Une indépendance avec Facebook toute relative

Facebook n’en reste pas moins un partenaire important du projet, voire « un membre essentiel » selon Stuart Levey. « Nous n’essayons pas de couper les liens, loin de là. » L’objectif de l’entreprise de Mark Zuckerberg reste de jouer un rôle majeur dans la digitalisation des paiements internationaux, pour les rendre aussi facile qu’un message privé sur Messenger et surtout en capter un maximum de valeur. Facebook a également rebaptisé son projet de porte-monnaie numérique, abandonnant de Calibra pour Novi en mai 2020.

L’association Diem basée à Genève (Suisse) comprend 26 autres membres, dont PayU (service de paiement ligne), Uber et Lyft (services de transport), le site spécialisé dans la cryptomonnaie Coinbase, Spotify, Shopify ou encore Iliad (la maison-mère de Free). Plusieurs partenaires de taille se sont néanmoins retirés comme Vodafone, Paypal, Ebay, Visa et Mastercard.

Un lancement pour janvier 2021 ?

Le PDG de l’association a confirmé que la monnaie Diem serait d’abord lancée dans une version uniquement adossée au dollar. Cependant, malgré des rumeurs d’un lancement en janvier 2021, aucun calendrier n’est pour le moment fixé. L’association affirme qu’elle ne lancera officiellement aucun service tant qu’elle n’aura pas obtenu l’approbation réglementaire. Elle attend entre autres l’obtention de la licence de système de paiement délivrée par l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers (la FINMA) dont la demande a été déposée en avril. Pour obtenir ces fameux feux verts, elle a revu ses ambitions à la baisse dans un deuxième livre blanc.

En attendant de pouvoir passer à l’étape suivante, l’association Diem pourrait bien voir arriver de nouveaux concurrents, bien plus puissants et souverains, qui développent leur Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC). En 2019, le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait proposé la création d’une monnaie numérique publique. Cette idée a depuis fait son chemin jusqu’aux oreilles de la Banque Centrale Européenne. Cette dernière a lancé le mois dernier une consultation publique sur le projet d’un euro numérique.