Mise à jour : le 1er décembre, Salesforce a annoncé le rachat de Slack pour 27,7 milliards de dollars.

Plusieurs sources ont révélé à la chaîne d’info CNBC qu’un accord entre Salesforce et Slack pourrait être annoncé officiellement ce mardi 1er décembre, après la clôture des marchés, en cours de soirée en France. Le montant de l’achat pourrait être supérieur au cours actuel de Slack. Pour rappel, la valeur marchande de la société était de 24 milliards de dollars lundi matin, contre 17 milliards la semaine dernière. Cette croissance soudaine est à rapprocher des premières révélations d’un potentiel rapprochement entre les deux entités par le Wall Street Journal. Si elle est effective, cette transaction deviendrait l’une des plus importantes du secteur des logiciels, après le rachat de Red Hat à 34 milliards de dollars par IBM en 2019 et celui de LinkedIn en 2016 pour 26 milliards par Microsoft.

Pourquoi Salesforce souhaite acheter Slack ?

Ces dernières années, l’éditeur de logiciels américain a réussi à maintenir son taux de croissance élevé principalement grâce à ses investissements. On note ainsi deux acquisitions importantes : MuleSoft, une plateforme d’intégration pour connecter les applications, pour 6,5 milliards de dollars en 2018 et Tableau, une société de visualisation des données, pour 15,2 milliards en 2019.

Le but de Salesforce est que l’ensemble de ses applications deviennent essentielles à la productivité des salariés dans un maximum d’entreprises. Être « THE place to be » pour bien faire son travail, en somme ! Or, la société a longtemps envisagé les logiciels de collaboration comme étant le moyen de parvenir à son objectif. L’acquisition de Slack serait l’occasion de démocratiser ses activités à de nombreux secteurs d’activités et non plus seulement aux « techos ». Ça tombe bien, Slack s’est aujourd’hui largement étendu à de nombreux domaines, notamment grâce à l’accélération du télétravail en période d’épidémie.

En plus, la plateforme de communication collaborative a largement investi dans une communauté de développeurs, notamment en bots et applications. Elle a aussi misé dans la technologie low-code (avec Workflow Builder) qui permet à n’importe quel utilisateur d’automatiser lui-même des tâches quotidiennes.

Quel intérêt pour Slack de perdre son indépendance ?

Ce n’est pas la première fois que des rumeurs circulent quant au rachat de la société. En 2016 déjà, son rival Microsoft aurait fait une offre à un prix beaucoup plus bas avant de créer sa propre solution. Si les dirigeants avaient refusé la proposition à l’époque, force est de constater que Slack fait face aujourd’hui à de nombreux concurrents qui affichent des taux de croissances beaucoup plus élevés. La plateforme de travail collaboratif a déçu les investisseurs qui espéraient une croissance en 2020 similaire à celle de Zoom, dont le chiffre d’affaires à quadruplé avec l’explosion du télétravail (280% contre38 % pour Slack). Un rapprochement avec Salesforce permettrait ainsi à la société d’augmenter significativement sa portée sur le marché et ses investissements produits. Elle pourrait notamment bénéficier de nouveaux accès aux entreprises clientes et gagner en puissance de vente et de marketing supplémentaire.

Enfin, le rapprochement Salesforce/Slack élargirait également la rivalité de longue date entre l’éditeur de logiciels américain et Microsoft sur le marché plus large des applications commerciales et cloud. Slack se donnerait alors les moyens de devenir un concurrent de taille à la solution similaire de Microsoft, Teams. Rappelons qu’en juillet 2020, Slack avait porté plainte contre Microsoft auprès de la commission européenne. Le motif ? Slack accusait Microsoft d’abuser de sa position dominante sur le marché pour éliminer la concurrence. L’accusé s’était défendu en expliquant que Teams avait bénéficié pendant la pandémie de sa capacité à faire des visio-conférences. Service que Slack ne propose pas. Si le rachat est confirmé, la guerre entre les deux plateformes risque de s’intensifier.