Guarav Tiwari, la leader de la jeunesse du Bharatiya Janta Party, un parti politique nationaliste de droite en Inde, a déposé plainte contre deux hauts responsables de Netflix, pour des scènes de baisers entre une jeune hindoue et un homme de confession musulmane, dans un temple hidouiste. Selon Guarav Tiwari, la série fait la promotion du “love jihad”, une théorie islamophobe selon laquelle les hommes musulmans incitent de facto les femmes hindoues à se convertir sous prétexte de mariage. En plus d’être tabou, ce sujet sensible survient quelques jours après une polémique sur une publicité de la célèbre marque de bijoux Tanishq qui arbore un mariage interconfessionnel.

La séquence heurte le public

Cette série de 6 épisodes est une adaptation du roman écrit par le célèbre écrivain indien, Vikram Seth, en 1993. L’histoire se passe dans les années 1950, quelques années après l’indépendance du pays, lorsqu’une jeune hindoue, Lata, souhaite échapper à la tradition indienne du mariage forcé par la famille. Cette jeune femme brillante, dans une Inde en pleine reconstruction, apprend à se connaitre en surmontant les aléas de la vie. Séduite par plusieurs jeunes hommes, elle fait la rencontre d’un garçon de confession musulmane qui lui plait. Ils finissent par s’embrasser dans un temple hindou. La séquence a heurté le grand public, jusqu’au ministre de l’intérieur indien, qui a qualifié les scènes de baisers comme “blessantes pour les sentiments d’une religion particulière”.

Dans ce pays qui se dit laïque, Narottam Mishra, le ministre de l’intérieur de l’état central du Madhya Pradesh, a toutefois assuré que la plainte avait été officiellement déposée contre la vice-présidente des contenus chez Netflix, Monika Shergill, ainsi que le directeur des politiques publiques de la firme américaine, Ambika Khurana.

En mai dernier, Netflix a été contraint de supprimer l’épisode 7 de la seconde saison de la série Designated Survivor en Turquie. En effet, la firme américaine a dû se plier à la demande d’un régulateur d’enlever l’épisode où est aperçu le président fictif turc qui tente de manipuler le président américain.

Incident qui n’arrive pas au bon moment

En plus d’investir de 20% à 25% de leur chiffre d’affaires dans la production cinématographique européenne, Netflix a aussi dépensé plus de 500 millions de dollars pour son 2eme marché mondial.

Le Vice-Président de Netflix en Asie, Tony Zameczkowski, a affirmé qu’ils étaient au début de leur conquête du marché asiatique. Une chose est claire : cet incident polémique n’arrive pas au bon moment pour Netflix, alors le gouvernement indien a annoncé vouloir réglementer les services streaming en ligne, ce qui pourrait importuner, à terme, le géant américain, à l’instar de la censure en Turquie.