Victor Zhang, le vice-président de Huawei, demande au Royaume-Uni de revoir sa politique à l’encontre de son entreprise. Il affirme que les mesures prises pour interdire les équipements 5G de Huawei vont accroître les disparités entre le nord et le sud dans le pays.

Une question de géopolitique

Au mois de juillet 2020, le gouvernement britannique a pris la décision de bannir Huawei de son réseau 5G. Dès 2021, les opérateurs du pays ne pourront plus acheter de matériel auprès du géant chinois, puis ils devront progressivement retirer ceux d’ores et déjà installés dans leurs infrastructures 5G. Cette mesure drastique a été prise sous pression américaine, alors que les États-Unis se trouvent dans une guerre commerciale avec la Chine, qui a notamment mené à la perte de la licence Android pour Huawei. L’entreprise est désormais considérée comme une menace nationale aux États-Unis.

« En tant qu’entreprise mondiale, nous voulons travailler avec les gouvernements pour nous assurer qu’ils disposent des politiques nécessaires pour garantir la croissance. La décision a été prise pour des raisons politiques, motivée par la perception qu’ont les États-Unis de Huawei et non par celle du Royaume-Uni », explique Zhang. Si l’entreprise reste surveillée pour suspicion d’espionnage pour le compte du Parti communiste chinois, une telle pratique n’a jamais été prouvée outre-Manche.

Le vice-président de Huawei sent néanmoins le vent tourner : il espère un changement de cap de la part des États-Unis avec le départ de l’administration Trump au mois de janvier 2021. Alors que Boris Johnson s’apprête à rencontrer un groupe de députés conservateurs déterminés à concrétiser son programme, Victor Zhang lui demande de réfléchir avant de prendre une décision trop hâtive.

Cette décision va engendrer des problèmes économiques, estime Huawei

Selon l’homme d’affaires chinois, l’interdiction des équipements Huawei dans le réseau 5G britannique sera grandement préjudiciable au pays qui traverse une crise économique liée à la fois au Covid-19, mais aussi au Brexit : « Quelque chose m’inquiète au sujet du Royaume-Uni, car les discussions ici se concentrent sur le conflit géopolitique plutôt que sur la manière d’améliorer l’économie britannique et de s’assurer que le pays saisisse à nouveau l’opportunité d’être un leader mondial après Brexit, à la fin de cette année. Tout cela est vital pour le redressement du Royaume-Uni après la fin de la guerre froide et le Brexit : le commerce, la technologie, la numérisation et la manière d’attirer les investissements étrangers au Royaume-Uni ».

Le réseau 5G va grandement améliorer les avancées technologiques dans de nombreux domaines. Or, le retrait de Huawei va causer des disparités de déploiement dans le pays qui ne sont pas sans conséquences, explique Zhang : « Cette décision va avoir un impact économique énorme sur le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni souhaite voir un équilibre des investissements entre Londres, le sud-est, les Midlands et le nord de l’Angleterre. Une connectivité de classe mondiale est essentielle pour atteindre cet objectif, sans laquelle il est très difficile de combler le déséquilibre économique au Royaume-Uni ». Il exhorte, de ce fait, Boris Johnson à se rappeler de la gloire de son pays, pionnier de la révolution industrielle et donc de reconsidérer la décision de son gouvernement.

Le Royaume-Uni n’est pas le seul pays influencé par les États-Unis pour le déploiement de sa 5G ; il a été prouvé que la première puissance mondiale tente d’acheter l’exclusion de Huawei au Brésil. En France, les infrastructures de la firme chinoise ne sont pas interdites mais elles sont hautement surveillées par les autorités.