Le 12 novembre 2020, Le Monde a partagé le rapport publié par le Forum sur l’information et la démocratie dans lequel on trouve des pistes sérieuses pour tenter de réguler les réseaux sociaux. Le fruit d’un long travail initié en 2018 par Reporters sans frontières et soutenu par près de quarante gouvernements.

Réguler l’infodémie est aujourd’hui indispensable

Alors qu’aux États-Unis la section 230 du Communications Decency Act est sur le point d’être modifiée, le Forum sur l’information et la démocratie a rendu public il y a quelques jours un rapport visant à réguler « l’infodémie » à laquelle nous sommes confrontés sur les grandes plateformes numériques. Un document de 132 pages, particulièrement dense et complet, découpé en quatre grands chapitres dans lequel on trouve des pistes pour plus de transparence, de modération des contenus, ou encore des propositions pour faire évoluer les services de messagerie des réseaux sociaux.

Parfois innovantes, ces préconisations rejoignent la volonté croissante des États du monde entier : réguler les réseaux sociaux. Un nouveau cadre légal et éthique mondial pourrait naître des ce rapport. Nous sommes peut-être en train de vivre un tournant dans l’histoire des réseaux sociaux. Parmi les grandes réformes proposées dans ce texte, on retrouve une proposition sur la mise en place d’une « base de données publique et universelle des publicités ». Concrètement cela signifierait que des experts seraient chargés de réguler le fonctionnement des algorithmes des réseaux sociaux.

Contenir sans bafouer le principe de liberté d’expression

Dans certains pays, de telles initiatives sont déjà en train d’émerger. C’est le cas en France avec la loi contre la haine en ligne votée par l’Assemblée nationale il y a quelques mois. Cette loi oblige les réseaux sociaux à réagir en moins de 24 heures pour supprimer les « contenus illicites » et moins d’une heure dans certains cas… Le texte proposé au Forum de Paris sur la Paix rappelle que le fait de réguler ne veut pas dire bafouer les grands principes de la liberté d’expression. Cela signifie que : « la suppression des comptes et des contenus liés au terrorisme devront être ouverts à un examen judiciaire ».

Peut-on encore espérer voir certains contenus de manière aléatoire sur nos fils d’actualité ? Aujourd’hui non, mais le rapport le préconise pour éviter de créer une « ghettoïsation ». Il semble nécessaire de mettre en place des « disjoncteurs numériques » pour éviter justement d’être abreuvés des mêmes contenus à longueur de journée. Enfin, un mot sur les applications de messagerie. Leur rôle en matière de désinformation est très fort. Le rapport propose par exemple de limiter la taille des groupes et les robots automatisés qui propulsent les fake news. Bref, vous l’aurez compris, les auteurs de ce rapport souhaitent plus de transparence et de modération sur le web : « une condition nécessaire pour développer un nouvel équilibre ».