Il n’y a donc pas que l’Union européenne et les États-Unis qui s’inquiètent du pouvoir grandissant des géants du web. Il y a quelques jours, la Chine a publié un rapport antitrust qui vise à freiner la situation monopolistique des géants du numérique en Chine.

Des mesures strictes vont être prises pour limiter la situation monopolistique en Chine

Le document publié par le gouvernement chinois fait état des préoccupations accrues des décideurs politiques à propos notamment du pouvoir, de l’influence et des risques croissants que représentent les plateformes numériques et leurs pratiques commerciales au sein de l’économie chinoise. Au moment de la publication de ce texte, de nombreuses entreprises ont littéralement chuté en bourse. Selon Morgan Stanley, les société les plus concernées par cette directive sont les suivantes : Alibaba, Tencent, Meituan, Pinduoduo, ou encore JD.com. Des entreprises qui ont justement chuté en bourse au cours des dernières heures.

Plusieurs pratiques pourraient être interdites dans les prochaines semaines. Parmi celles-ci : le fait d’exiger des revendeurs qu’ils ne proposent leurs produits que sur une seule plateforme, ou encore le fait de proposer des prix différenciés aux clients en fonction de leur historique et de leur profil de consommateur. Cette mesure serait historique. Il s’agirait de la première tentative du gouvernement pour définir des pratiques anticoncurrentielles entre les entreprises du numérique.

Des géants du numérique qui ont pourtant permis à la Chine de devenir la deuxième économie mondiale

De nombreux observateurs chinois ont du mal à comprendre ce qu’il se passe. Concrètement, Pékin est en train de couper les ailes des plus grandes entreprises du pays, celles qui ont contribué à révolutionner le comportement des consommateurs et à permettre à la Chine de devenir la deuxième plus grande économie du monde. Aux États-Unis, les géants du web traversent une période similaire avec la plus grande enquête antitrust jamais menée dans l’histoire du pays et le potentiel démantèlement des GAFA. On sait déjà que Google risque très gros dans cette affaire.

Ce projet de loi est un premier signe explicite qui montre clairement que Pékin cherche à limiter les prouesses de ses champions technologiques. Des entreprises comme Alibaba et Meituan ont largement influencé le quotidien des chinois au cours de la dernière décennie. En 2020, 400 millions de personnes commandent à manger depuis leur smartphone et 855 millions font des achats en ligne. Un changement de comportement favorisé par l’émergence des géants du web.

Selon Gong Zhenhua, associé du cabinet d’avocats Shanghai Ronghe : « ce projet semble être sévère puisqu’un grand nombre de pratiques sont définies comme étant monopolistiques, comme les accords d’exclusivité qui empêchent les revendeurs de vendre des marchandises sur des plateformes concurrentes. Bien que l’autorité de régulation n’ait pas publié les détails des sanctions infligées pour ces actes répréhensibles, on peut s’attendre à ce que les acteurs qui ne respecteront pas les règles feront l’objet de lourdes sanctions ».