« Le coronavirus a poussé une adoption du numérique permanente et massive », indique le rapport réalisé par Google, Temasek Holdings, investisseur public singapourien, et Bain & Co, un cabinet de conseil en stratégie et management américain. Leur étude se base sur 6 pays d’Asie du Sud-Est : l’Indonésie, la Malaisie, le Vietnam, la Thaïlande, Singapour, et les Philippines.

Publié le 10 novembre 2020, cité par Reuters, le rapport estime que le secteur de l’internet atteindra, cette année, 105 milliards de dollars (environ 90 milliards d’euros). Les conclusions jugent que 70% de la population de la région définie est désormais connectée à internet. Cela représente 400 millions d’internautes, dont 40 millions qui sont de nouveaux utilisateurs. L’explication, qui à ce stade de la pandémie ne surprend plus, met en avant que les consommateurs, étant obligés – ou incités – à rester chez eux, se sont tournés vers internet pour leurs achats, la livraison de courses ou de repas, mais aussi pour se divertir. « Lorsque nous demandons aux consommateurs pourquoi, pendant la pandémie, ils ont choisi d’utiliser le e-commerce, ils nous répondent qu’effectivement c’était pour éviter une exposition potentielle à la Covid-19. Mais ce qui est vraiment important, c’est que quasiment le même pourcentage de personnes déclarent que c’est parce que c’est efficace et pratique », a déclaré Stephanie Davis, vice-présidente pour l’Asie du Sud-Est chez Google, sur l’émission « Squawk Box Asia » de CNBC, le 10 novembre avant la publication officielle du rapport.

Le rapport s’est axé sur 5 pans de l’économie numérique : e-commerce, transport, livraisons alimentaires, voyages, médias, et finance. Le e-commerce enregistre une croissance de 63%, pour atteindre 62 milliards de dollars (de l’ordre de 52 milliards d’euros), alors que celui des voyages décroît de 58% et représente 14 milliards de dollars (près de 12 milliards d’euros).

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Estimation des transactions de paiement en ligne sur 10 ans.
Graphique : Nomura

Compte tenu des besoins en développement de ces pays, cette zone incarne pour les investisseurs une mine d’opportunités, comme le témoignent les derniers résultats de Netflix. C’est d’ailleurs ce contexte qui explique que nombre des nouveaux utilisateurs sont issus de zones non métropolitaines de Malaisie, d’Indonésie et des Philippines. C’est aussi pourquoi Singapour – qui a déjà une économie largement digitalisée, mais qui est dépendant du tourisme – enregistre une récession de 24% sur l’économie de l’internet. Et qui justifie, à l’opposé, que le Vietnam et l’Indonésie enregistrent une croissance à deux chiffres.

Depuis 2019, en moyenne, l’Asie du Sud-Est connaît une croissance de 5% de l’économie de l’internet, et de 11% du nombre d’utilisateurs en ligne. À l’échelle mondiale, selon We Are Social, le nombre d’internautes croît “seulement” de 7,4%. L’Asie du Sud-Est, sur le secteur de l’internet, incarne un des marchés à la croissance la plus rapide au monde. Toutefois, bien que plus de personnes effectuent des transactions en ligne, cela ne signifie pas que d’ici la fin de l’année elles dépenseront plus.

Ainsi, les perspectives de croissance pour 2025 restent, presque, inchangées. Évaluées l’année dernière à 300 milliards de dollars (environ 253 milliards d’euros), en termes de valeur brute des marchandises, les prévisions de cette année anticipent 309 milliards de dollars. Ces perspectives profitent à des entreprises régionales, comme à l’entreprise malaisienne Grab et à l’indonésien Go-Jek, qui proposent des plateformes multiservices, allant de la finance à de la livraison, en passant par le divertissement.