Le 8 novembre 2020, le général britannique, Sir Nick Carter, a annoncé que d’ici 2030, trente mille robots soldats pourraient rejoindre les rangs de l’armée. Un drone i9 est en cours de développement, il serait propulsé par 6 rotors et équipé de deux fusils. Il serait utilisé notamment pour prendre d’assaut des bâtiments. Dans l’interview diffusée sur Sky News, le militaire précise que ces robots n’auront pas de capacités létales et qu’ils demanderont une intervention humaine. Intervention se réalisant probablement derrière un écran à des kilomètres des zones de combats.

« Ce que je veux dire, c’est que je soupçonne que nous pourrions avoir une armée de 120 000 hommes, dont 30 000 pourraient être des robots, qui sait », confie Sir Nick Carter. Voir des robots représenter 20% d’une armée peut déjà donner des frissons, mais la suite fait encore plus froid dans le dos : aucun objectif d’effectif n’est fixé. Il se peut que le Royaume-Uni suive les recommandations la coalition d’organisations non gouvernementales (ONG) Stop Killer robots pour réduire le développement d’armes robotisées, ou au contraire, qu’il augmente leur nombre, qui dépasserait donc les 30 000 unités.

Le général a profité de l’annonce pour rappeler à Rishi Sunak – le chancelier de l’Échiquier, chargé des finances et du trésor – qu’il souhaitait un accord financier sur le long terme : « Il est clair que, de notre point de vue, nous allons plaider pour quelque chose comme ça [un budget pluriannuel] parce que nous avons besoin d’investissements à long terme, car ils nous permettent d’avoir confiance en l’innovation », déclare Sir Nick Carter. Rishi Sunak a reporté au 25 novembre 2020 la révision des dépenses gouvernementales de 2021 – 2022, et le projet attend donc l’attribution d’un budget. Le général estime que les négociations, avec le Premier ministre, Boris Johnson, et le chancelier de l’Échiquier, se déroulent de « manière très constructive ».

« On franchirait ainsi un seuil moral »

Selon le Guardian, l’armée du Royaume-Uni effectue actuellement des recherches sur des drones, des véhicules terrestres et des sous-marins téléalimentés. Certains seraient armés et d’autres n’auraient qu’une fonction de reconnaissance. Les dérives ont de quoi effrayer, comme l’alertait, en 2017, la vidéo de Slaughterbots :

Dans la vidéo l’auteur des attaques n’est ni évoqué ni désigné, ce qui inquiète la coalition d’associations d’un point de vue juridique. En cas de crime, comment définir le responsable : programmateur, fabricant, commandant, machine ? Dans ce contexte, un éventuel cadre légal serait difficile à appliquer. C’est pourquoi Stop Killer robots vise à interdire « le développement, la production et l’utilisation d’armement entièrement autonome », en mettant en avant que « des armes entièrement automatiques décideraient de qui doit vivre ou mourir, sans aucune intervention humaine : on franchirait ainsi un seuil moral. En tant que machines, elles seraient dépourvues des caractéristiques propres aux êtres humains comme la compassion, et ne pourraient faire de choix éthiques complexes », explique la coalition sur son site. Les associations s’inquiètent également qu’avec ces technologies les populations civiles soient plus touchées par les conflits armés.

Au sujet d’une possible escalade des tensions internationales, Sir Nick Carter prend à témoin les précédents conflits mondiaux : « c’est pourquoi la mémoire est importante. En regardant l’histoire, avec un peu de chance, vous apprenez des expériences passées, vous vous assurez d’être très prudent sur la façon dont vous gérez le type de conflits régionaux que l’on voit se dérouler dans le monde aujourd’hui », déclare le général sur le plateau de Sky News. Quant à la coalition, elle avertit : « Les États-Unis, la Chine, Israël, la Corée du Sud, la Russie, et le Royaume-Uni développent des systèmes d’armes dotés d’une autonomie considérable en ce qui concerne la sélection et l’attaque de cibles. Si rien n’est fait, le monde pourrait se lancer dans une course déstabilisante aux armes robotisées ».