Le 28 octobre 2020, Ericsson fait part dans un communiqué d’un nouvel accord avec BT : l’opérateur de télécommunications historique du Royaume-Uni, propriétaire d’EE, l’équivalent d’Orange. Le contrat concerne 50% du réseau d’accès radio (RAN) 5G. L’entreprise suédoise de télécommunications Ericsson fournira les équipements de réseau 5G dans plusieurs villes de la monarchie, notamment à Londres, Édimbourg, Belfast et Cardiff.

Les 50% restant seront assurés par le finlandais Nokia, qui a signé, le 29 septembre 2020, un accord avec BT. Au moment de la signature du contrat, Nokia devait couvrir 63% du réseau de BT. L’accord avec Ericsson aurait donc changé la donne. Ces signatures interviennent dans un contexte où, en juillet dernier, le gouvernement britannique a contraint ses fournisseurs de téléphonie mobile à cesser de s’équiper auprès de Huawei. Les infrastructures aujourd’hui assurées par Huawei doivent être toutes réattribuées d’ici 2027.

Les fournisseurs de réseau mobile britanniques s’appuient sur deux fournisseurs RAN, et doivent donc trouver de nouveaux partenaires. Passer par plusieurs prestataires certifie qu’en cas d’incident sur le réseau d’un des deux fournisseurs, le service reste maintenu. Aussi, cela évite des investissements dans des installations de secours. Ainsi, BT a déjà choisi Ericsson pour le remplacement d’une partie des cœurs de réseau, aujourd’hui assurés par Huawei. Les cœurs de réseau regroupent l’ensemble des supports de transmission et de commutation – établissement d’une communication entre deux points d’un réseau. Ils supportent donc la quasi-totalité du trafic, et ont des bandes passantes importantes qui traitent des données sensibles.

Alors que Ericsson se réjouit, d’autres acteurs sourcillent

Ericsson qui incarne le principal concurrent de Huawei dans le domaine de la 5G, se félicite de ces deux nouveaux contrats : « Ayant déjà été sélectionné pour être partenaire des cœurs de réseaux 5G, nous sommes heureux de renforcer d’autant plus notre relation avec cet accord, qui permettra aux consommateurs de bénéficier d’une 5G performante et sécurisée dans les principales villes du Royaume-Uni », déclare dans le communiqué Borje Ekholm, le PDG d’Ericsson.

Certains leaders du secteur s’inquiètent d’une diminution de la concurrence : « Le choix des fournisseurs est important pour un écosystème sain, il peut stimuler l’innovation et contribuer à la réduction des coûts », commente à la BBC Kester Mann, directeur du pôle consommateurs et connectivités du cabinet de conseil CCS Insight. Il n’est toutefois pas question de monopole, et le Royaume-Uni est actuellement en réflexion autour d’une solution appelée OpenRan. Celle-ci vise à standardiser les RAN afin de faciliter le remplacement d’un prestataire depuis un seul et même logiciel. Une pratique plébiscitée par Rakuten et son réseau 5G au Japon, qui met également ses compétences au service de partenaires, notamment à Singapour. Au mois de juillet, Nokia s’est également engagé sur cette voie.

La politique britannique s’inscrit dans celle de Washington. Les États-Unis ont déclaré que Huawei représente une menace pour la sécurité intérieure. Le pays outre-Manche n’est pas le premier à rompre ses liens. L’Italie, seul pays européen à faire partie des nouvelles routes de la soie, a contraint son opérateur Fastweb à rompre son contrat avec Huawei sur les cœurs de réseaux. L’entreprise chinoise qui affirme être indépendante du parti communiste met en garde le Royaume-Uni sur la suppression de milliers d’emplois, ainsi que sur la perte de milliards de livres sterling de bénéfices, en raison d’un déploiement des infrastructures 5G qui sera plus long. Des recettes dont Londres aurait particulièrement besoin en cas de Brexit.