C’est acté, la cour d’appel américaine a rejeté, lundi 26 octobre 2020, la demande du département de la Justice, voulant interdire immédiatement WeChat dans les magasins d’applications d’Apple et de Google aux États-Unis. La cour a affirmé que l’administration Trump n’avait pas suffisamment démontré de manière plausible qu’elle subirait “un préjudice imminent et irréparable pendant l’instance de cet appel”.

Quelques jours après, le 23 août 2020, offusqué par le décret du président, le groupe U.S. WeChat Users Alliance décide de répliquer en poursuivant le gouvernement américain. Il dénonce une violation des droits à la liberté d’expression de plusieurs millions d’américains qui comptent sur cette application pour communiquer avec leurs proches, tant en Chine qu’aux États-Unis.

“Le gouvernement américain cherche par tous les moyens à bannir un moyen de communication largement plébiscité, sans motif valable”, affirme les défenseurs de l’application. Toutefois, pour l’administration Trump, il est hors de question que WeChat passe entre les mailles du filet, comme ce fut le cas avec TikTok, bien que cette affaire se soit calmée grâce à la vente des activités aux sociétés américaines Walmart et Oracle.

Tensions commerciales

En pleine tension commerciale entre la Chine et les États-Unis, Donald Trump avait toutefois accepté de laisser fonctionner l’application chinoise jusqu’au 12 novembre 2020, malgré ses réticences envers cette application, qui menacerait son pays car elle aurait des liens potentiels avec le gouvernement chinois.

Bien que la juge de la cour fédérale de la Californie, Laurel Beeler, ait refusé la demande du département de la Justice de retirer l’application utilisée par 19 millions personnes aux États-Unis, l’application WeChat Pay pourrait se heurter à des restrictions sur le sol américain, rapportent nos confrères de Bloomberg.

La messagerie instantanée a séduit plus d’un milliard de Chinois, notamment grâce à ses multiples fonctionnalités. En effet, l’application qui souhaite concurrencer l’Apple Store et Google Store, marie l’utile et l’agréable, en proposant à ses utilisateurs une myriade de mini-applications, souvent des jeux, et un porte-monnaie virtuel surnommé WeChat Pay. Cette application connexe est utilisée par 100 millions de Chinois pour des dépenses du quotidien tel que payer son trajet de taxi, son ticket de transport en commun, ou encore sa facture d’électricité et d’eau à la fin du mois. Aujourd’hui, WeChat est l’une des applications les plus utilisées au monde car elle est très utile à plusieurs égards. Ce qui plaît est aussi la possibilité de créer sa propre boutique en ligne, tant bien pour les entreprises que pour les particuliers, que ce soit pour vendre des appareils électroménagers ou encore des vêtements.

L’Inde bloque, le Pakistan emboîte le pas

L’application très populaire s’attire toutefois des foudres d’un continent à l’autre, pas seulement en Amérique, mais en Asie aussi. L’Inde, l’autre grande puissance, a décidé d’interdire cet été plus d’une soixantaine applications chinoises et risque d’en interdire jusqu’à 275, après avoir reçu une recommandation exhaustive de la part du centre de coordination de la cybercriminalité indienne au ministère de l’Intérieur. Un affrontement entre les armées indiennes et chinoises le 15 juin dernier déplorant 20 morts n’ont fait qu’envenimer les tensions entre ces deux grandes puissances. Toutefois, à l’inverse des États-Unis, les deux applications phares, TikTok et WeChat, ont disparu du marché indien. Le Pakistan a aussi décidé d’emboîter le pas et d’interdire plusieurs applications chinoises, notamment TikTok sur son territoire pour des raisons différentes, cette fois liées aux contenus partagées. Cette interdiction n’aura duré que quelques jours, mais démontre un risque notable pour WeChat au sein-même de pays alliés.

Janvier 2021, date clé pour les États-Unis

Aux États-Unis, l’affaire n’est pas sans suite puisque la cour d’appel a accepté d’accélérer l’audience pour statuer sur le sort final de ce réseau social détenu par le Tencent, l’une des plus imposantes entreprises de technologie en Chine et du monde. La prochaine audience, qui donnera le ton du futur de l’application chinoise aux États-Unis, aura lieu en janvier 2021, en plein remaniement ministériel suite à l’élection présidentielle américaine.