Seulement six mois après son lancement, Quibi abandonne et va fermer ses portes, devenant ainsi l’un des services de streaming à la plus courte durée de vie jusqu’ici, rapporte le Wall Street Journal. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette déroute, notamment la pandémie de Covid-19.

Un format novateur mais peu convaincant

Les dirigeants de la plateforme, Meg Whitman et Jeffrey Katzenberg, ont confirmé la nouvelle dans un billet de blog posté sur Medium :

« Nous avons commencé avec l’idée de créer la prochaine génération de récits et, grâce à vous, nous avons pu créer et livrer la meilleure version de ce que nous imaginions que serait Quibi. C’est donc avec un cœur incroyablement lourd que nous annonçons aujourd’hui que nous mettons fin à l’activité de l’entreprise et que nous cherchons à vendre son contenu et sa technologie ».

Lancé en avril 2020, Quibi propose un format novateur avec des contenus courts pensés pour être visionnés sur smartphone, aussi bien de manière horizontale que verticale. Le prix de l’abonnement est de 5 dollars avec publicité et 8 dollars sans, avec une période d’essai gratuite de trois mois. Jeffrey Katzenberg, ancien de Disney et co-fondateur de DreamWorks Studios, a misé gros sur son nouveau service, et a fait appel à de grosses têtes, aussi bien au niveau de la réalisation que de l’acting.

Quibi dispose par ailleurs d’importants actionnaires, à l’image de Disney et de NBCUniversal. La firme préfère toutefois arrêter maintenant afin d’être en mesure de les rembourser plutôt que de continuer et foncer vers le précipice : « Nous avons le sentiment d’avoir épuisé toutes nos options. En conséquence, nous avons pris à contrecœur la décision difficile de mettre fin à notre activité, de rendre l’argent à nos actionnaires et de dire au revoir à nos collègues avec grâce ».

Les complications se sont enchaînées

Cette fin brutale peut s’expliquer pour différentes raisons. Quibi a été lancé en pleine période de confinement, alors que les gens étaient appelés à rester chez eux et, logiquement, consommait du contenu sur leur ordinateur ou leur télévision plutôt que sur smartphone. La plateforme a également dû faire face à l’arrivée de Disney+ sur un marché déjà dominé par des mastodontes comme Netflix ou Prime Video. Les contenus courts, en outre, sont déjà présents sur YouTube ou encore TikTok.

Si Quibi a signé un bon démarrage avec 2,7 millions de téléchargements au bout de deux semaines, les utilisateurs n’ont visiblement pas accroché : la plateforme a perdu 90% de ses abonnés après la période gratuite de trois mois, avec seulement 72 000 utilisateurs qui ont décidé de s’engager, note The Verge. Un rapport publié au mois de mai affirmant que l’entreprise transmettait les données d’utilisateurs à ses partenaires publicitaires n’a pas arrangé les choses.

Les signes avant-coureurs de cet échec n’ont pas manqué. Megan Imbres, responsable marketing de Quibi et ancienne de Netflix, avait décidé de quitter le navire juste après le lancement du service. Par ailleurs, l’entreprise Eko, spécialisée dans la vidéo interactive, poursuit Quibi en justice pour violation de brevets et vol de secrets commerciaux.