Selon Anna Eshoo et Tom Malinowski, deux représentants du parti démocrate des États-Unis, les algorithmes utilisés par les réseaux sociaux, notamment ceux du groupe Facebook, favorisent une montée de l’extrémisme dans tout le pays. Les deux législateurs estiment que les réseaux sociaux dans leur utilisation actuelle priverait les citoyens américains de leurs droits constitutionnels. Ils estiment que la section 230 du Communications Decency Act, garante de la liberté d’expression sur le web, doit être repensée.

Les démocrates et les républicains s’accordent enfin sur un sujet

Les deux législateurs démocrates ont présenté un projet de loi il y a quelques jours auprès du Congrès américain. La loi s’appelle Protecting Americans from Dangerous Algorithms Act et a été rédigée pour réguler les services web qui touchent plus de 50 millions d’utilisateurs. Les réseaux sociaux en font évidemment partie. Selon Anna Eshoo et Tom Malinowski, les plateformes qui utilisent des algorithmes « radicalisants », ne doivent pas pouvoir bénéficier d’une immunité totale comme c’est le cas aujourd’hui. Ce projet de loi vise notamment les contenus promus par des algorithmes impliqués dans des actes de terrorisme.

Une récente affaire fait écho au projet de loi présenté. Une injustice raciale a eu lieu à Kenosha, dans le Wisconsin. Dans ce procès, Facebook est accusé d’avoir encouragé la violence en « donnant aux milices de droite le pouvoir d’infliger des violences extrêmes et en privant les plaignants de leurs droits civils ».

Un jeune homme de 17 ans a tué deux hommes et en a blessé un autre avec une arme semi-automatique au cours d’une manifestation affiliée au mouvement Black Lives MatterUn événement Facebook est à l’origine du drame… La Kenosha Guard, un groupe de nationalistes blancs, avait créé un groupe pour encourager les participants à apporter des armes. Ce groupe a été signalé plus de 455 fois mais n’a pas été supprimé par Facebook.

La section 230 : le sujet brûlant du moment

En 1996, Anna Eshoo avait participé à l’élaboration de la législation qui a codifié la section 230 en loi fédérale. Il explique que : « je reste un fervent partisan du principe sous-jacent de la promotion de la parole en ligne. Cependant, la promotion algorithmique de contenus qui radicalisent les individus est un nouveau problème qui nécessite une mise à jour de la loi par le Congrès ». Son collègue Tom Malinowski précise ceci : « en d’autres termes, les algorithmes et les réseaux sociaux de manière globale nous nourrissent de versions plus craintives de ce que nous craignons, et de versions plus haineuses de ce que nous détestons ».

En pleine campagne présidentielle, la section 230 est un sujet brûlant aux États-Unis. Donald Trump a entamé une véritable bataille contre les réseaux sociaux et plus précisément contre Twitter. Justement, il y a quelques jours la FCC a annoncé qu’elle irait dans le sens de Trump et donc des démocrates, pour réguler les réseaux sociaux. L’immunité tant appréciée par les géants du web risque de n’être plus qu’un lointain souvenir d’ici quelques mois.