La liberté d’expression est l’une des valeurs de Google. Pourtant aujourd’hui, le New York Times rapporte qu’il y a bien un sujet dont on ne peut parler quand on travaille pour le géant américain : l’affaire antitrust. C’est a priori le sujet que les employés évitent à tout prix.

La loi du silence sur l’affaire antitrust

Le procès antitrust contre Google a pris une nouvelle tournure ces dernières semaines. Il semble de plus en plus s’orienter vers les activités de Google Search et la manière dont Google utilise son moteur de recherche de façon anticoncurrentielle pour nuire à ses rivaux et à ses utilisateurs.

Aujourd’hui le Congrès américain cherche clairement à démanteler les GAFA, il n’y a plus de doute sur le sujet. Les employés de Google lisent les journaux et savent exactement ce qui est en train de s’opérer mais il est totalement inenvisageable d’en discuter une fois qu’ils sont au bureau.

L’entreprise de Mountain View a des règles très particulières en ce qui concerne ce que les travailleurs peuvent dire à son sujet. On se souvient pourtant du projet Dragonfly, ce moteur de recherche en version censurée que Google était prêt à développer en Chine.

Une majorité d’employés étaient opposés au développement de ce projet et n’ont jamais eu peur de le faire savoir. Certains ont même démissionné. Un sujet sensible mais sur lequel les employés n’avaient pas peur de s’exprimer. Aujourd’hui il y a une sorte d’omerta qui plane chez Google sur l’affaire antitrust.

C’est le sujet que les employés évitent à tout prix. Ils ne l’abordent pas dans leurs e-mails. Ils n’en parlent pas dans les réunions. Leurs dirigeants leur rappellent régulièrement que : « Google n’écrase pas, ne tue pas, ne blesse pas et ne bloque pas la concurrence ». Si vous espérez décrocher un poste de cadre dans l’entreprise, ne faites surtout pas allusion à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom (antitrust et non Voldmeort) lors de votre entretien.

La direction surveille les propos de ses employés

Alors que les autorités américaines se préparent à engager des poursuites inédites contre le géant américain, les forums habituels où les employés débattent de tout et de rien sont désertés. Cette affaire antitrust et ce démantèlement annoncé pourrait pourtant être un tournant majeur pour Google, voire une menace existentielle pour l’entreprise.

Le service juridique est automatiquement au courant de ce que disent les employés du groupe, pour « faire appliquer le secret professionnel », alors les employés n’osent plus s’exprimer. Ils reçoivent et ont le droit de lire les e-mails de leurs employés pour « protéger l’entreprise ».

Après que plusieurs candidats se soient faits recaler pour avoir abordé le sujet, les employés de Google ont tacitement compris qu’il n’était pas sage d’aborder ouvertement les questions antitrust, pourtant d’actualité. Le New York Times a réussi à interviewer anonymement six employés actuels et anciens, sur ce sujet. Selon un ancien chercheur de l’entreprise : « c’est considéré comme quelque chose dont on ne parle pas parce qu’il n’y a pas de conversation productive associant Google au mot monopole ».

De son côté, Google a déclaré que d’après ses données internes, les employés ne s’intéressaient pas aux questions liées à l’affaire antitrust et qu’ils ne les soulevaient pas lors des réunions, justement pour cette raison.