Alors que la pandémie de Covid-19 encourage les autorités chinoises à utiliser de plus en plus fréquemment les technologies de reconnaissance faciale, les fuites de données liées à cette technologie ne cessent d’augmenter. La majorité des quartiers résidentiels chinois adoptent des caméras de reconnaissance faciale, mais les habitants ont peu de moyen de se défendre.

Quand des pékinois décident de se défendre

Alors que la Chine aimerait façonner les normes de la reconnaissance faciale, le pays n’affiche pas le meilleur bilan en matière de protection des données. Les fuites de données sont monnaie courante. En cause : des bases de données mal configurées, et des travailleurs du numérique mal formés et surchargés. Pour tenter de lutter contre les failles de sécurité et risquer que des données ne tombent entre les mains de mauvais acteurs, certains chinois décident de se battre, ce qui n’est vraiment pas commun dans le pays.

C’est le cas de Lao Dongyan, une habitante de Pékin qui a récemment vu son quartier s’équiper avec des technologies de reconnaissance faciale. Lao Dongyan s’inquiète des risques liés à cette technologie. Elle a donc décidé d’évoquer ses objections et ses préoccupations lors d’une discussion de groupe avec d’autres résidents de son quartier.

En tant que professeur de droit à l’université Tsinghua à Pékin, elle est suffisamment armée pour tenter de se défendre. Selon elle : « lorsque des sociétés de gestion immobilière, des écoles ou d’autres organisations recueillent de telles informations sur des habitants chinois, il est impossible de connaître précisément les données récoltées, où elles sont stockées ou encore comment elles sont utilisées ».

Des fuites de données très fréquentes

Comme on peut s’en douter, les préoccupations en matière de protection de la vie privée liées à la reconnaissance faciale ne sont pas nouvelles en Chine. L’utilisation de la reconnaissance faciale a explosé il y a déjà plusieurs années. Vous pouvez par exemple payer votre ticket de métro grâce à votre visage. Cette technologie est utilisée comme un moyen courant de contrôler « l’accès aux communautés locales » depuis l’année dernière. Les forces de l’ordre contribuent largement au déploiement de ces technologies, notamment dans les quartiers résidentiels comme c’est le cas dans celui de Lao Dongyan à Pékin.

Les entreprises privées ne font que répondre à la volonté du gouvernement qui souhaite créer des « villes intelligentes ». Une « bonne » raison est désormais avancée pour accélérer le déploiement de la reconnaissance faciale : la pandémie de Covid-19. Selon les autorités cette technologie permettrait de « prévenir la maladie » grâce notamment à des contrôles de température possibles depuis les caméras de reconnaissance faciale. La Cyberspace Administration of China (CAC) a évidemment approuvé cela en précisant que : « ces systèmes constituent un moyen plus efficace de contrôler les non-résidents et contribuent à réduire la charge de travail du personnel des collectivités ».

Cependant, les fuites de données sont désormais monnaie courante en Chine. Le pays est par ailleurs l’un des plus mauvais au monde en matière de protection des données biométriques. De telles données sont régulièrement retrouvées en vente sur le dark web. Certains hackers vendent des données biométriques pour seulement 0,5 yuan, soit environ 5 centimes d’euros pour un visage. Il y a d’énormes faiblesses dans les mesures de sécurité adoptées par les autorités chinoises.