Pendant trois ans, une importante enquête a été menée par l’ICO. Celle-ci relève qu’il n’y a aucune preuve assez accablante pour accuser Cambridge Analytica d’avoir occupé un rôle phare dans le référendum du Brexit en 2016, bien que des doutes subsistent quant à son implication qui reste “limitée”. L’ICO a également souligné une suspicion de collaboration entre la société canadienne AggregateIQ et Cambridge Analytica pour les publicités ciblant des utilisateurs britanniques sur Facebook.

300 000 documents de Cambridge Analytica scrutés

L’ICO a saisi plus de 300 000 documents au siège social à Londres (UK) de la société Cambridge Analytica, qui aujourd’hui n’existe plus.
Bien que cette étude n’ait pu prouver une influence dans le référendum, il y a des preuves affligeantes sur le plan de l’entreprise de délocaliser à l’étranger ses données collectées illégalement afin d’éviter un examen réglementaire.

Par faute de preuves accablantes, l’organisme de surveillance britannique est dans l’obligation d’affirmer qu’il n’y aucune preuve tangible quant à l’influence de la société sur le Brexit, ainsi que sur le rôle de la Russie dans cette affaire. “Aucune violation significative” a été observée dans les serveurs scrutés à la loupe par les inspecteurs.

87 millions de personnes espionnées

En 2018, Cambridge Analytica et Facebook bravaient à leur manière une tempête médiatique et politique inattendue suite à la récolte illégale de données personnelles de 87 millions d’utilisateurs sur le réseau social. Tout cela évidemment à des fins politiques notamment dans le cadre de la présidentielle américaine de 2016 en cernant le profil de chaque électeur pour les influencer à voter autrement, tout en conservant une myriade d’informations sur eux. Dans une enquête publiée par Channel 4, elle relève que l’équipe de Trump avait dissuadé 3,5 millions d’électeurs Noirs-Américains à aller voter grâce à des vidéos de propagandes anti-démocratique. Cette méthode plus qu’inquiétante a bénéficié au camp Républicain qui a gagné l’élection américaine.

Ayant connaissance de la personnalité de chacun, grâce au Graph API sur Facebook, Cambridge Analytica pouvait affiner les ciblages publicitaires qui impacterait les opinions : ce que l’on aime, partage, ou pense. Revers de la médaille : le réseau social a dû verser un demi million de livres sterling à l’ICO et 5 millions de dollars américain à l’organisme de réglementation de la protection des consommateurs aux États-Unis. La défiance face à Facebook est omniprésente, et les séquelles se ressentent même aujourd’hui, deux ans après.

Revers de la médaille

L’Union européenne a aussi été contrainte à verser une amende de 120 000 livres sterling pour ne pas avoir suffisamment agi afin de protéger ses utilisateurs contre la récolte sous leurs yeux de leurs données personnelles à des fins de manipulation et d’espionnage. En effet, le directeur de Cambridge Analytica, Alexander Nix, est tombé en même temps que sa société.

Elizabeth Denham, la Commissaire à l’information du Royaume-Uni, a déclaré que les organismes de surveillance avait fini “les principaux axes de l’enquêtes” et qu’il y avait en effet une “vulnérabilité systémique dans nos systèmes démocratiques”. Cette enquête de longue haleine a aidé à “mieux comprendre l’utilisation des données personnelles dans un contexte de politique moderne et à transformer la manière dont les partis politiques protègent et traitent les données personnelles”.

Quelques années après le scandale qui a bouleversé le monde, le patron de Facebook veut rectifier le tir et agir. En effet, il a embauché 35 000 personnes chargées de vérifier les contenus de chaque utilisateur pour éviter les fausses nouvelles, les discours haineux ou terroristes. De plus, le patron de Facebook a multiplié les mesures pour conserver la confidentialité de ses utilisateurs : plus de transparence, un outil pour accéder à ses données et les effacer, une restriction de ses API ainsi qu’un meilleur contrôle des publicités, entre autres.