Alors qu’aux États-Unis, 97% des aéroports utiliseront bientôt des technologies de reconnaissance faciale, en France nous sommes encore assez loin d’une telle couverture. La reconnaissance faciale arrive petit à petit et cette fois-ci c’est au tour de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry de tester cette technologie pour « fluidifier le parcours voyageur ».

À Lyon Saint-Exupéry, la reconnaissance faciale promet de fluidifier le parcours des voyageurs

Selon le service communication de l’aéroport de Lyon, ce nouveau dispositif sera testé pendant un an et sera accessible aux clients des compagnies aériennes suivantes : Transavia et TAP Air Portugal. Lyon Saint-Exupéry cherche à accélérer le parcours des passagers pour gagner en fluidité et réduire les temps d’attente, notamment aux guichets des douanes et de l’embarquement. L’intelligence artificielle baptisée Mona équipera plusieurs bornes installées un peu partout dans l’aéroport. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a évidemment donné son accord.


Seuls les passagers qui emprunteront les compagnies Transavia sur les vols vers Porto et TAP Air Portugal sur les vols vers Lisbonne, pourront bénéficier de cette technologie. C’est un véritable atout pour ces deux compagnies qui vont très probablement pouvoir gagner un temps précieux. Mona est une intelligence artificielle développée par une société privée pour Vinci Airports, le gestionnaire de l’aéroport lyonnais. Évidemment le dispositif ne représentera pas de surcoût pour les voyageurs.

L’aéroport de Lyon Saint-Exupéry précise que les passagers pourront désormais franchir les différents points de contrôle aéroportuaire « sans contact physique, depuis le dépôt des bagages jusqu’à l’embarquement grâce à des voies dédiées ». Nicolas Notebaert, directeur général de Vinci Concessions est fier que ce nouveau dispositif voit enfin le jour. C’est un travail de longue haleine qui « prouve à nouveau la capacité de Vinci Airports capacité à se réinventer en permanence ».

Plus aucun document d’identité à présenter

Voici comment Mona va fonctionner : chaque voyageur va devoir créer un compte client sur une borne dédiée au sein même de l’aéroport. L’identité du voyageur sera authentifiée grâce à la reconnaissance faciale partout dans l’aéroport. Cela signifie que les voyageurs concernés n’auront plus à présenter de documents d’identité dans les situations suivantes : à l’enregistrement des bagages, au contrôle des douanes et à l’embarquement.

L’entreprise qui se trouve derrière cette technologie s’appelle Idemia. Son nom vous dit quelque chose ? C’est normal… L’entreprise faisait récemment les gros titres car elle est accusée par Amnesty International de d’exporter ses technologies de reconnaissance faciale vers Pékin ce qui permettrait au gouvernement chinois d’alimenter son système de surveillance de masse. Selon l’entreprise, son service de reconnaissance faciale en Chine permet aux policiers d’identifier des criminels. Un moyen de faire comprendre que sa technologie sert à une « bonne cause ».

Si nous sommes évidemment très loin du niveau de la Chine, en France aussi, un tel dispositif soulève quelques interrogations notamment en matière de protection des données. Le projet a été soumis à la Direction générale de l’aviation civile dans le cadre du programme d’innovation « Vision Sûreté 2 ». On peut se demander où vont les données enregistrées et dans quelle mesure elles pourraient être réutilisées contre les citoyens.

Un porte-parole d’Idemia a tenu à préciser que :

« En 2015, Morpho (alors filiale de Safran) a fourni au Service de la sécurité publique de Shanghai un système standard visant à aider les enquêteurs de la police dans l’analyse d’affaires criminelles après la commission de l’infraction (cambriolage, infraction pénale, …). Il s’agissait d’un système ancienne génération de reconnaissance faciale post-événement destiné à une autorité locale de police judiciaire. En aucun cas cet équipement n’était en mesure d’être utilisé pour une surveillance en temps réel. Par ailleurs, à notre connaissance, le système n’a jamais été déployé.Lors du rapprochement entre Morpho et Oberthur Technologies, la politique d’Oberthur Technologies consistant à NE PAS vendre de systèmes d’identification aux autorités chinoises a été immédiatement étendue à Morpho et à ses filiales. Cette politique reflète les préoccupations d’IDEMIA relatives notamment à la protection de ses technologies et à l’utilisation que pourraient en faire les autorités chinoises.IDEMIA condamne fermement l’utilisation de technologies de reconnaissance faciale à des fins de surveillance de masse ainsi que pour tout autre motif qui serait contraire aux droits humains. IDEMIA est profondément convaincu, et a déclaré publiquement, que les technologies de reconnaissance faciale nécessitent la mise en place d’un cadre réglementaire européen clair et a fait un certain nombre de recommandations à la Commission européenne en ce sens.IDEMIA, qui a pleinement coopéré, avec Amnesty International, est satisfait du fait qu’Amnesty International ait salué dans son rapport le travail effectué par IDEMIA en matière de prise en compte des risques d’atteinte aux droits humains dans le cadre d’exportations de technologies de reconnaissance faciale.Je me tiens en tout cas à votre disposition pour tout complément d’information ou autre question ».