L’ONG Amnesty International prend très au sérieux son rôle de gendarme du numérique. Trois entreprises sont visées par un rapport qui dénonce les exportations européennes d’outils numériques vers la Chine. Parmi elles : Idemia, une entreprise française spécialisée dans la biométrie, Axis Communication, une entreprise suédoise et Noldus Information Technology, une firme néerlandaise.

Idemia est dans le viseur d’Amnesty International

Le rapport d’Amnesty International publié ce lundi 21 septembre mentionne les liens commerciaux entre ces trois entreprises et Pékin. En soit cela ne pose pas de problème, une entreprise européenne peut faire du business avec la Chine. Sauf que ce cas précis, c’est le produit vendu qui est remis en cause. Il s’agit en effet de technologies biométriques, d’identification et d’authentification. Idemia est par exemple accusée de vendre ses technologies de reconnaissance faciale à Pékin.

Depuis plusieurs années, l’Union européenne cherche à mettre en place un cadre pour réglementer les technologies de reconnaissance faciale. Au début de cette année, la Commission a dévoilé une stratégie. L’Europe cherche à éviter toute dérive et s’est même posée la question de bannir purement et simplement les technologies de reconnaissance faciale.

Ce n’est pas encore le cas, ce qui permet à Idemia de pouvoir conserver son contrat avec la Chine. Dans ce cas précis, Amnesty International demande « l’interdiction de l’utilisation, du développement, de la production, de la vente et de l’exportation des technologies de reconnaissance faciale à des fins d’identification ».

Aucune réglementation européenne ne permet de cadrer ces exportations

L’entreprise française a réagi aux accusation d’Amnesty International. Idemia se défend en expliquant que ses technologies permettent d’identifier des visages post-événement et non pas en direct. Selon l’entreprise, son service de reconnaissance faciale en Chine permet aux policiers d’identifier des criminels. Un moyen de faire comprendre que sa technologie sert à une « bonne cause ».

Malheureusement il est difficile de savoir précisément l’usage que Pékin fait de cette technologie de reconnaissance faciale. Quoi qu’il en soit, Idemia souligne qu’en aucun cas « cet équipement n’était en mesure d’être utilisé pour une surveillance en temps réel ». L’entreprise affirme même que sa technologie n’aurait jamais été déployée. Un fait qu’Amnesty International rejette.

Axis Communications estime qu’elle n’a pas à obtenir de licence d’exportation pour vendre sa technologie biométrique à la Chine. Pour le coup l’entreprise suédoise ne se cache pas et assume le fait que sa reconnaissance facile sert à alimenter les programmes chinois de surveillance de masse. C’est triste, mais l’entreprise a raison au grand dam d’Amnesty International. Actuellement, il n’y a aucune réglementation européene qui empêche une firme de vendre sa technologie à Pékin, hormis le cadre moral évidemment.

Il n’est pas impossible que les technologies de ces trois entreprises européennes aient pu servir contre les Ouïgours, une communauté musulmane traquée depuis de nombreuses années par le gouvernement chinois. Notons que certains pays membres, dont la France, s’opposent à une réglementation plus poussée des exportations dans ce domaine. Amnesty International fait pression depuis plusieurs années pour que cela change.