Voler pendant plusieurs heures en moyen-courrier et ne laisser derrière soit qu’une trainée constituée d’eau, c’est la promesse de Guillaume Faury. Dans un entretien accordé au journal Le Parisien, le dirigeant d’Airbus a indiqué avoir pour « objectif prioritaire » la mise en service d’un « avion neutre en carbone » à l’horizon 2035, après une mise en programme estimée à 2028. Comme le résume Le Monde, ce premier délai de 7 ans permettra à Airbus de choisir et de maturer les technologies utilisées, mais aussi de dresser une liste de fournisseurs et de sites industriels pour mener à bien le projet. Un projet dont le calendrier correspond à celui du plan annoncé en juin par le gouvernement français, et qui prévoit d’investir 1,5 milliard d’euros (d’ici à 2022) dans le secteur aéronautique, durement éprouvé par la crise sanitaire.

Trois concepts à l’étude chez Airbus… dont une aile volante pouvant accueillir jusqu’à 200 passagers

En tout, ce sont trois concepts que Guillaume Faury a pris soin de détailler au Parisien. Le premier (visuel ci-dessus) consiste en un avion moyen-courrier à réacteurs, « de configuration classique ». L’appareil devrait comporter 200 places pour un rayon d’action estimé à plus de 3500 kilomètres. Pour fonctionner, l’avion comporterait un réservoir cylindrique installé tout à l’arrière du fuselage. C’est ce réservoir qui contiendrait l’hydrogène liquide nécessaire au fonctionnement de piles à combustibles générant de l’électricité, explique pour sa part BFMTV. Le second concept est semblable au premier, mais l’appareil se contenterait d’embarquer une centaine de passagers, pour des vols plus courts, et serait propulsé par des hélices.

De l’aveu de Guillaume Faury, le troisième et dernier concept à l’étude chez Airbus est « plus disruptif ». Il s’agit cette fois d’une « aile volante d’environ 200 places qui permet d’étudier une configuration complètement différente pour le stockage de l’hydrogène et la propulsion », lit-on. Reste que l’adoption d’appareils à hydrogène implique des changements en termes d’infrastructures au sein même des aéroports… et l’adoption de l’hydrogène de manière plus généralisée dans le secteur aéronautique. Pour l’heure, ce gaz est surtout utilisé par Airbus pour ses satellites, il s’agit aussi du carburant employé par la fusée Arianne. « Il faudra également que les infrastructures dans les aéroports soient prêtes et que l’hydrogène vert soit disponible en grande quantité », admet ainsi le président exécutif d’Airbus.

Pour que ses futurs avions à hydrogène soient vraiment respectueux de l’environnement, l’avionneur européen devra aussi trouver un moyen de soutenir la production en masse d’hydrogène « vert », obtenu grâce à une production par électrolyse de l’eau, utilisant exclusivement de l’électricité décarbonée (nucléaire ou renouvelable). Un autre enjeu pour le groupe, alors que l’essentiel de l’hydrogène liquide est actuellement produit (à grands renforts d’émissions carbone) grâce à de l’énergie fossile.