Alors qu’Oracle est sur le point de faire l’acquisition des parts américaines de TikTok, plusieurs personnalités politiques du pays ont partagé leurs inquiétudes à propos de ce rachat. Selon eux, les conditions ne sont pas réunies pour garantir la sécurité complète des données des utilisateurs de l’application aux États-Unis.

Oracle, si proche du but

TikTok, qui a connu un succès fulgurant en 2019 et 2020 en dépassant les 2 milliards de téléchargements dans le monde, est dans le viseur des autorités américaines depuis quelques mois déjà. Sous fond de guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, l’application a été interdite au sein de l’armée et du gouvernement américain. Ce dernier pointe en effet du doigt la maison-mère de TikTok, ByteDance, ainsi que ses relations avec le Parti communiste chinois, et craint que l’entreprise partage les données des utilisateurs américains avec celui-ci.

Ne passant pas par quatre chemins, Donald Trump a menacé au début du mois d’août de bannir l’application dans son pays si elle n’était pas rachetée par une firme américaine. Le président souhaite notamment que les données, les opérations et les algorithmes liées aux activités américaines de la plateforme soient hébergées aux États-Unis. Si l’on a cru pendant un temps que Microsoft serait l’entreprise choisie pour acquérir TikTok, c’est finalement Oracle que ByteDance a préféré. Le fournisseur de cloud computing serait ainsi en passe d’établir « un partenariat technologique de confiance » avec le géant chinois, et hébergerait les données américaines de l’application.

Alors que le deal devrait se faire sous peu pour éviter l’interdiction de TikTok aux États-Unis, rien n’est encore sûr… et il semblerait que la fin de ce feuilleton ne soit pas encore pour tout de suite.

Les Républicains ont des doutes sur l’acquisition de TikTok

Un groupe d’examen de la sécurité nationale dirigé par le Département du Trésor doit ainsi évaluer l’accord cette semaine… mais ce rachat n’est pas vu d’un bon œil par plusieurs personnalités politiques américaines. Des sénateurs républicains ont ainsi adressé, ce mercredi 16 septembre, une lettre au Président lui demandant de ne pas accepter l’opération si elle est désavantageuse pour les États-Unis. Ils somment en outre la Maison Blanche de garantir que le Congrès sera tenu au courant de l’avancée de la situation. On y lit notamment :

« Tout accord entre une société américaine et ByteDance doit garantir que les opérations, les données et les algorithmes de TikTok aux États-Unis échappent entièrement au contrôle de ByteDance ou de tout acteur dirigé par l’État chinois, y compris toute entité qui peut être contrainte par la loi chinoise de remettre ou d’accéder aux données des consommateurs américains ».

En effet, une très récente réglementation gouvernementale chinoise (on ose imaginer qu’elle n’a pas été mise en place par hasard) oblige les entreprises basées dans le pays à obtenir une licence de la part de Pékin avant de réaliser des exportations ou des transactions technologiques. De ce fait, ByteDance a décidé, probablement afin de respecter la deadline imposée par Donald Trump, de ne pas transférer son algorithme si mystérieux à la société américaine avec qui elle passera un accord. Comme le souligne NPR, plusieurs sources indiquent par ailleurs que ByteDance exige de conserver sa position de propriétaire de l’application.

Donald Trump n’est peut-être pas prêt à signer pour TikTok

Donald Trump semble avoir entendu les avertissements de ses confrères. Lors d’une conférence de presse, qui s’est également tenue le mercredi 16 septembre, le président a indiqué qu’il n’était pas encore prêt à signer l’accord entre TikTok et Oracle. Pour s’exécuter, il demande à ce que ByteDance cède sa participation majoritaire dans l’application. En début de semaine pourtant, tout indiquait que le milliardaire allait bel et bien accepté la transaction.

De son côté, le chef du cabinet de la Maison Blanche, Mark Meadows, assure que le gouvernement va prioriser la sécurité des données personnelles des Américains pour décider de l’accord. Des doutes subsistent toutefois, surtout lorsque l’on s’intéresse aux liens entre Oracle et le président des États-Unis, qui aurait joué un rôle important dans le choix final de ByteDance pour le rachat. En effet, le directeur général de l’entreprise, Safra Catz, a fait partie de l’équipe de transition de Donald Trump après les élections en 2016. Le co-fondateur de la firme, Larry Ellison, a quant à lui organisé une collecte de fonds pour le président au mois de février dernier…

Création d’emplois et élections en ligne de mire

Afin de calmer les esprits et de convaincre, Oracle a assuré pour sa part qu’un conseil, dont les membres seront approuvés par le gouvernement américain, serait mis en place. La société promet également la création d’emplois et affirme que plus de 25 000 modérateurs seront embauchés sur le sol américain pour gérer les contenus sur TikTok.

Difficile à dire si ces éléments vont convaincre les autorités du pays. Une chose est sûre néanmoins : Donald Trump, qui a déclaré son souhait de tirer profit de cette affaire lors d’une déclaration tonitruante, doit se prononcer, et vite. Selon le décret qu’il a signé au mois d’août, TikTok sera bannie des États-Unis dès le 29 septembre prochain si elle n’est pas rachetée. On peut difficilement imaginer le président en venir à une telle situation : la suppression de l’application aux 100 millions d’utilisateurs américains pourrait faire perdre des voies au Républicain, particulièrement chez les jeunes électeurs… et les élections approchent à grands pas.