Apprendre en ligne, c’est devenu un refrain récurrent dans tous les échelons de la société française. Pour parer à l’impossibilité d’accéder aux institutions physiques traditionnelles induite par la pandémie de Covid-19, les regards se sont naturellement portés vers des substituts en ligne. PowerZ est le dernier né de ces projets EdTech, à la croisée de l’éducation et de la technologie. La start-up vient d’ailleurs de lever 3 millions d’euros.

Un créneau sur lequel on trouve déjà des acteurs français bien établis. Kokoroé, dont nous parlait sa cofondatrice et CEO Raphaelle Covilette, est en train de faire son trou en mettant à disposition une plateforme d’apprentissage aux compétences de demain, sur une interface façon Netflix. OpenClassrooms, présenté en long et en large par son CEO Pierre Dubuc, a fait ses classes depuis suffisamment longtemps sur le marché de l’éducation en ligne pour pouvoir proposer plus d’une cinquantaine de diplômes certifiants. Moins coûteux, et plus en adéquation avec les métiers en tension du marché du travail, la bascule commence à s’opérer et l’on voit le nombre d’inscriptions à ces plateformes exploser.

Toutefois, si l’on s’en tient à ces deux acteurs, les tranches d’âge concernées épargnent les plus petits. Utiliser la puissance du numérique pour éduquer les enfants, cela se démocratise à mesure que le débat prend de l’ampleur. Dernier bastion de l’apprentissage en ligne, l’école commence doucement à introduire des écrans et des formats d’éducation digitaux dans ses classes.

PowerZ, à la croisée des mondes entre jeu vidéo et éducation en ligne

Pour arriver à capter l’attention des enfants tout en développant leurs connaissances en ligne, un nouveau projet français vient de voir le jour. Et son pari est simple : c’est en utilisant les codes du jeu vidéo que PowerZ ambitionne de devenir la plus grande école virtuelle au monde.

C’est Emmanuel Freund qui est à l’origine de PowerZ. Freund n’est pas inconnu du monde du jeu vidéo, puisqu’il est le fondateur de Blade, cette startup dont nous parlions en début d’année comme étant à surveiller. Blade est né en 2015, et propose un système révolutionnaire à ses abonnés : transformer leurs PC bas de gamme et/ou leurs smartphones – en des bêtes de course dès lors qu’ils sont connectés aux serveurs distants de la plateforme. Une offre de dématérialisation d’ordinateur à un prix dérisoire (12,99€/mois), et la volonté de « démocratiser l’accès au jeu vidéo en cassant les limites des PC gaming actuels, à savoir le prix et l’obsolescence », comme l’explique son fondateur.

Après avoir pris du recul avec Blade au mois d’avril 2020, Emmanuel Freund compte toutefois amener toute son expérience du monde du jeu vidéo dans son nouveau projet d’éducation en ligne PowerZ. Une école sans murs, mais pas sans enseignants. Transparent sur son peu de connaissance du secteur éducatif, il a su s’entourer de professionnels et d’enseignants.

Signe que l’ambition du projet est légitime, le tour de table récemment bouclé à hauteur de 3 millions d’euros rassemblait des parties prenantes avec un certain pedigree. Jugez plutôt. Le groupe d’édition Hachette Livre, les business angels Pierre Kosciusko-Morizet (fondateur de PriceMinister), Michaël Benabou (co-fondateur de Veepee ex-Vente-Privée.com) et Octave Klaba (fondateur d’OVHcloud). Le tout chapeauté par le fonds européen spécialisé dans l’EdTech, Educapital.

L’ambition de percer sur un marché sur lequel personne n’a réussi à s’établir

« On veut réussir à faire quelque chose dans l’apprentissage d’aussi addictif que Fortnite ou Animal Crossing«  présente Emmanuel Freund. Conscient également que jeu vidéo et éducation sont généralement deux mondes que les parents préfèrent garder dans deux chambres à parts. « L’objectif n’est pas de laisser l’enfant rivé sur un écran mais de connecter les deux mondes. Le lien humain est indispensable avec l’écran. On veut le faire sortir de cet environnement et pourquoi pas lui faire construire une montgolfière par exemple », précise t-il.

PowerZ va donc développer une plateforme d’apprentissage virtuelle sensée remplacé le fameux cahier de vacances, et venir en complément du programme pédagogique traditionnel.Un environnement en ligne où les mécanismes de l’apprentissage devront être dissimulés dans du gameplay.

Un challenge audacieux, sur un créneau dans lequel personne n’a jusqu’à présent véritablement craqué le code. La génération Adi et Adibou peut en témoigner. C’est sans doute dans ce changement de génération que se trouve la meilleure chance de PowerZ de faire son trou. Les habitudes évoluent, et des écrans qui étaient depuis leur apparition assimilés uniquement à du divertissement commencent à faire de la place à l’éducation. « Il y a de très bons projets mais ce sont des applications qui restent très peu ambitieuses techniquement car elles manquent de financements. Elles sont souvent mono-domaines : l’astronomie, les langues, la botanique, etc. Avec PowerZ, on veut un monde ouvert, captivant et qui s’adapte à l’élève, à ses aptitudes« , comme l’explique le fondateur de PowerZ.

La plateforme devrait sortir une béta pour début d’année 2021. Et l’objectif est de se positionner sur le lancement de PowerZ pour rentrée de septembre 2021.