Le 10 septembre 2020, l’Express signale la création d’une filiale française par le géant chinois Tencent. En activité depuis le 3 juin 2020, la SAS Tencent Cloud Europe (France) est basée en région parisienne, à Puteaux. Selon le bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc), son activité se centre sur « la fourniture de prestations de services en matière de cloud au profit des consommateurs et des professionnels; l’achat et la location de matériels informatiques ».

Figure des BATX – équivalent chinois des GAFA –, Tencent affirme ses ambitions. En mai 2020, l’entreprise a annoncé 60 milliards d’euros d’investissement dans le cloud, l’IA, la blockchain et la 5G. Tencent a également acheté des parts dans le groupe français Vivendi, notamment dans sa branche musicale Universal Music Groupe. Elle ne cache pas non plus ses ambitions dans le jeu vidéo, avec ses participations dans Ubisoft, ou les studios éditant tantôt Fortnite, tantôt League of Legends. Le portefeuille opérationnel tentaculaire de l’entreprise chinoise compte aussi la fintech française Lydia.

Un cloud européen pour assurer la protection des données face à Tencent et consorts ?

Après les arrivées d’Amazon (AWS), de Microsoft (Azure) ou de Google Cloud, les offres de cloud se multiplient en Europe, notamment avec l’entrée sur le marché d’acteurs chinois. Tencent est le troisième BATX à s’installer en France après Alibaba qui propose déjà une offre de cloud, et le fabricant de smartphones – mais pas que – Xiaomi.

Le stockage des données via des prestataires non-européens pose des questions, notamment quant à la protection de données stratégiques et privées. Bien que toutes les entreprises soient soumises au RGPD, les gouvernements européens font preuve d’une grande vigilance sur le choix de leurs partenaires technologiques. En juillet 2020, le recours aux équipements de l’entreprise chinoise Huawei sur la 5G a suscité un débat. Finalement, l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a donné son accord pour la participation de Huawei au développement de la 5G tout en rappelant à l’entreprise son obligation de se plier aux lois françaises. C’est probablement face à la situation bancale de Huawei que Tencent a lancé son service de cloud en toute discrétion, sans aucune communication.

Un audit de sécurité par l’ANSSI sur la sécurisation des transferts de données pourrait rassurer les futurs clients Tencent, en attendant l’émergence d’acteurs européens qui pourraient arriver à travers le projet de cloud Gaia-X.