Le secteur de la technologie a ses temps forts où ses acteurs se réunissent. La pandémie de Covid-19 a néanmoins chamboulé ces événements majeurs, à l’image des conférences d’Apple, de Facebook ou encore de Google. Heureusement, des événements à taille plus humaine peuvent se maintenir, c’est notamment le cas du France Digitale Day qui se tiendra le 15 septembre prochain. Nous avons rencontré Frédéric Mazzella, co-président de l’association France Digitale qui réunit 1 800 startups et fondateur de BlaBlaCar, pour discuter de cet événement et de l’impact de la crise sur le monde de la tech.

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L’alternative, le fil rouge du France Digitale Day

Avec l’actualité, les organisateurs de l’événement France Digitale Day ont eu peur que leur événement soit annulé, mais il se tiendra bel et bien. Le nombre de participants a toutefois été réduit par deux afin de respecter les recommandations sanitaires, mais cela ne va pas affecter la rentabilité du rassemblement. France Digitale Day est en effet largement financé par ses sponsors et les sujets abordés sur les trois scènes auront une portée sur tout l’écosystème tech français puisqu’ils seront mis en avant sur les réseaux sociaux.

La grande thématique de l’événement, l’alternative, colle parfaitement avec la crise que le monde traverse. Ainsi, la scène « Talent » va s’intéresser aux alternatives au métro-boulot-dodo, la scène « Europe » évoquera les alternatives à la Silicon Valley et enfin, la scène « Impact » traitera des alternatives à l’hypercroissance. De nombreux acteurs français et européens seront présents, c’est notamment le cas de Lawrence Leuschner de TIER Mobility, de CDiscount, de Livestorm, de Leboncoin, de Yubo, de Shine ou encore d’Oracle.

Le France Digitale Day est bien la preuve que les événements tech sont les mieux positionnés pour faire face à la pandémie. Comme l’explique Frédéric Mazzella, il est par exemple facile pour ces rassemblements de passer au virtuel, notamment car ils disposent d’un public déjà très connecté. Néanmoins, la crise accélère le phénomène et pousse les acteurs du secteur à se réinventer bien plus rapidement, car ces événements sont également de plus en plus nombreux.

La crise accélère la digitalisation

Bien qu’elle soit terrible, la crise crée aussi des opportunités : certaines sociétés s’en sortent très bien à l’image de DoctoLib ou de Mirakl, car elles offrent des services à distance compatibles avec le monde d’aujourd’hui, souligne Frédéric Mazzella. D’autres secteurs sont malheureusement beaucoup plus affectés, à l’image de l’événementiel ou du voyage.

La situation a ainsi mis en lumière le potentiel du digital. L’exemple le plus frappant est celui des GAFA, qui sont sortis renforcés de la crise à l’image d’Amazon dont le chiffre d’affaires a doublé. Ce secteur correspond en effet à la capacité d’interagir à distance et répond donc aux besoins actuels du monde.

Pour Frédéric Mazzella, la crise avantage des sociétés par rapport à d’autres. Certaines d’entre elles, qui étaient considérées comme précurseurs, présentent désormais un produit adapté à notre nouveau quotidien. Ces dernières n’ont donc aucun problème à trouver des financements, et de nombreux deals sont effectués malgré un contexte sanitaire et économique difficile.

Quel avenir pour le numérique en France ?

La pandémie a également mis l’écologie au-devant de la scène. Si l’empreinte carbone du numérique est souvent pointée du doigt, il faut surtout mettre en perspective les effets négatifs du secteur avec leur impact positif. À ce niveau, il n’y a pas photo selon le fondateur de BlaBlaCar, qui évoque un exemple criant :

« L’activité de BlaBlaCar consiste à faire que les voitures ne soient pas vides. Cela a toujours été notre motivation principale de faire en sorte que l’on voit beaucoup moins de voitures avec une seule personne à bord, on optimise cette énergie qui roule. L’impact est très fort sur le monde physique puisque grâce au covoiturage, on économise plus d’1,6 million de tonnes de CO2 par an, ce qui est supérieur à la pollution atmosphérique CO2 du trafic routier d’une ville comme Paris ».

Si des serveurs permettent de tout faire tourner et polluent effectivement, cela contrebalance l’optimisation dans le monde physique.

Récemment, le gouvernement a dévoilé son plan de relance avec un fléchage de plus de 7 milliards d’euros pour le numérique. Certaines optimisations vont également passer par le digital et ce chiffre va donc probablement grimper. Néanmoins, Frédéric Mazzella met cela à l’échelle du monde dans lequel nous vivons : la valorisation cumulée des GAFAM est de plus de 7 000 milliards de dollars. Il y a donc un immense retard à rattraper. Il s’agit cependant d’un pas en avant, et il faut également considérer que le numérique va générer de très nombreux emplois dans le futur.