Alors que la procédure d’attribution des fréquences 5G se tiendra à la fin du mois de septembre, le nouveau maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, souhaite mettre en place un moratoire autour de la nouvelle norme réseau avant de poursuivre son usage, rapporte France 3.

La course à la 5G a bel et bien démarré en France…

La rentrée risque d’être mouvementée pour la 5G. Dès la fin du mois de septembre, les principaux opérateurs français (Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free) pourront acheter chacun un bloc de base de 50 mégahertz (MHz) au prix fixe de 350 millions d’euros, et enchérir s’ils souhaitent obtenir des blocs supplémentaires de 10 MHz à 70 millions d’euros chacun. Une procédure pour laquelle Bouygues Telecom a demandé un report, mais dont la requête a été refusée par le Conseil d’État. Dans le même temps, l’installation des stations expérimentales se poursuit dans l’hexagone.

Ainsi, dès la fin d’année, la France verra sûrement naître ses premières offres 5G. Pour les adeptes de technologie, c’est une bonne chose puisque la nouvelle norme réseau promet d’accélérer la digitalisation des industries, tout en révolutionnant le quotidien des citoyens. Pour d’autres, en revanche, la 5G soulève d’importantes questions quant à son impact sur l’environnement et sur la santé des personnes qui y sont exposées. Des inquiétudes qui sont partagées par Pierre Hurmic, nouveau maire écologique de Bordeaux, qui souhaite instaurer un moratoire sur la technologie.

… Mais Bordeaux souhaite gagner du temps

Delphine Jamet, adjointe au maire de Bordeaux en charge du Numérique, explique : « On ne dit pas « non » à la 5G. Nous voulons juste ralentir cette course et envisager ses conséquences avant de s’y engouffrer ». C’est pourquoi un moratoire devrait être instauré sur cette technologie.

L’objectif pour Bordeaux serait ainsi d’attendre les résultats du rapport de l’Agence nationale de sécuritaire (ANSES) qui est prévu pour le premier trimestre 2021. Celui-ci doit faire état des risques éventuels de la 5G sur la santé des citoyens exposés à ce réseau. Delphine Jamet poursuit : « Nous ne pouvons pas nous jeter là-dedans sans regarder les tenants et aboutissants de tout. Nous ne pouvons pas nous précipiter en matière de politique publique ». En effet, outre l’impact de la 5G sur la santé, l’adjointe au maire évoque également ses conséquences écologiques, notamment en pointant du doigt « l’extraction des terres rares nécessaires pour construire les nouveaux téléphones compatibles ».

Le maire peut-il interdire la 5G dans sa circonscription ?

Eh bien, non. Même s’il le souhaite, Bordeaux n’a pas les pouvoirs de freiner l’étalement de la 5G sur son territoire. Comme le souligne France 3, « depuis 2011, seules les autorités compétentes, dont l’Arcep, peuvent réglementer l’implantation des antennes locales« . Pourtant, Delphine Jamet ne se démonte pas : « La Métropole va confirmer à l’Arcep qu’elle ne donnera pas suite aux expérimentations de la 5G, tout comme son ouverture commerciale tant qu’un moratoire ne sera pas établi ».

Prévu pour se tenir en octobre prochain, ce forum permettra de « sensibiliser et interroger le public sur ces différentes thématiques » liées à la 5G et devrait être accompagné d’une campagne de communication et de sensibilisation. Une situation qui est susceptible de ne pas plaire aux opérateurs, et en particulier à Bouygues Telecom qui mène depuis deux ans des expérimentations dans la ville. Là encore, Delphine Jamet prévient : « S’il faut aller au contentieux parce que les opérateurs nous attaquent, nous le ferons et nous mettrons en avant le principe de précaution, inscrit dans la Constitution, car il revient au maire de protéger sa population ». Manifestement, Bordeaux est prêt à en découdre.