Des hackers liés au gouvernement chinois auraient mené une série de cyberattaques dirigées à l’encontre du Vatican, rapporte la société américaine de cybersécurité Recorded Future dans un rapport publié le mardi 28 juillet 2020. Une violation qui intervient à la veille de la négociation entre les deux pays à propos de la nomination des évêques en Chine.

Les hackers seraient liés à l’État chinois

Cette série de cyberattaques présumée aurait été menée par RedDelta, un groupe d’hackers soutenu par le gouvernement chinois, et aurait démarré au début de mois de mai 2020. Elle aurait visé le Vatican, mais aussi le diocèse catholique du représentant de l’Église catholique basé à Hong Kong, ainsi que l’Institut Pontifical pour les Missions Étrangères en Italie.

Selon l’enquête de Recorded Future, au-delà des intrusions classiques, les attaquants auraient également eu recours à la méthode du phishing pour mener à bien leur mission. Cette technique consiste à faire croire à une victime qu’elle s’adresse à un tiers de confiance afin de lui soutirer des renseignements personnels.

Un porte-parole du diocèse de Hong Kong a refusé de commenter le rapport de Recorded Future, mais a tout de même indiqué que des cyberattaques visant sa circonscription ecclésiastique se produisent depuis de « nombreuses années« . Le porte-parole du Vatican, pour sa part, n’a souhaité faire aucun commentaire. De son côté, le porte-parole ministère chinois des Affaires étrangères a réfuté ces accusations.

Une cyberattaque à l’aube de négociations importantes entre la Chine et le Vatican

Ces violations présumées interviennent alors que le Saint-Siège s’apprête à renouveler son accord avec Pékin sur l’épineuse question de la nomination des évêques catholiques en Chine. Signé en 2018, cet accord marquait également un important rapprochement entre les deux pays qui avaient rompu leurs relations diplomatiques en 1951.

Selon Recorded Future, « l’intrusion présumée dans le Vatican offrirait à RedDelta un aperçu de la position de négociation du Saint-Siège avant le renouvellement de l’accord en septembre 2020 ». Pour Francesco Sisci, un expert italien de la Chine qui enseigne à l’université Renmin de Pékin et qui a été interrogé par le WSJ, même si l’Empire du Milieu avait espionné le Vatican, cela n’aurait pas grand effet sur les négociations à venir. Il précise : « Le Vatican est toujours très clair sur ce qu’il veut et ce dont il a besoin. En ce moment de tension dans le monde, notamment entre les États-Unis et la Chine, le Saint-Siège considère qu’il est d’autant plus important de maintenir ouvertes les voies du dialogue« .