Après avoir été évincé des États-Unis, puis du Royaume-Uni, aujourd’hui nous avons la confirmation qu’en France, Huawei pourra bel et bien continuer son activité. Cela n’est pas nouveau, nous savions déjà que l’équipementier chinois ne serait pas banni, mais cela réaffirme la position de la France : elle n’est ni pour, ni contre la présence du fabricant chinois dans le pays, en raison des accusations et des problèmes de sécurité auquel le fabricant a longuement été confronté.

« Nous n’interdisons pas à Huawei d’investir sur la 5G »

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance a confirmé l’avenir de Huawei en France, le constructeur chinois pourra être sollicité pour équiper le réseau 5G de la France. Cependant, comme le ministre l’indique « Nous n’interdisons pas à Huawei d’investir dans la 5G et nous protégerons nos intérêts de sécurité nationale ». Comme le précise ZDNet, cela précise cependant qu’en cas de soucis, la France pourrait se réserver d’exclure Huawei de ses réseaux. Face à la pression américaine exercée depuis des mois chez nos voisins britanniques, c’est plutôt une bonne nouvelle pour le fabricant chinois, mais celui-ci doit tout de même se faire du souci, puisqu’il restera sous haute surveillance.

L’ANSSI, l’agence française de cybersécurité a elle aussi donné son avis. Elle a indiqué que Huawei ferait partie des équipementiers autorisés pour les réseaux 5G, les opérateurs pourront donc le solliciter, mais en respectant le délai qui leur sera accordé via la licence, à savoir entre 3 et 8 ans. Après cette période, ils devront redemander l’autorisation d’utiliser tel ou tel équipement. Et les demandes concernant Huawei risquent d’être fréquentes dans la mesure où les licences accordées aux opérateurs sollicitant Huawei ont une durée de 5 années maximales. Nokia et Ericsson, quant à eux, ont aisément permis aux opérateurs d’obtenir des licences de 8 ans. On pourrait imaginer ici une dissuasion exercée à l’égard des opérateurs. Pour obtenir la durabilité maximale de leur licence, les opérateurs devraient évincer Huawei de leurs équipements. Voilà qui laisse penser que les autorités françaises n’ont pas banni Huawei, mais se seraient bien passées de ses services.

Pour l’heure, seuls SFR et Bouygues Telecom compteraient sur Huawei pour s’équiper puisqu’Orange et Free ont d’ores et déjà annoncé leurs partenariats avec Ericsson et Nokia.

L’équipementier chinois va-t-il se venger ?

Pour le président de l’ANSSI, Guillaume Poupard, les choses sont claires : « les opérateurs qui n’utilisent pas Huawei, nous les incitons à ne pas y aller, car c’est un peu le sens naturel des choses ». Et dans la mesure où les licences délivrées aux opérateurs faisant appel à Huawei sont plus courtes que les autres, on imagine que d’ici quelques années, le constructeur chinois pourrait totalement être évincé du réseau français.

Pour répondre à cela, Huawei pourrait prendre des mesures de vengeance. Ericsson et Nokia, ses deux concurrents privilégiés en France, seraient ses cibles. Pékin pourrait précisément leur faire barrage en les empêchant d’exporter leurs pièces produites dans le pays. Il s’agit là d’autant d’éléments qui pourraient inciter les principaux concernés à délocaliser leurs productions hors de Chine.