L’État s’apprête à donner le coup d’envoi à la création d’une carte nationale d’identité électronique. Objectif affiché : assurer un déploiement progressif à partir de la mi-2021. De son côté, le Parlement a publié récemment ses recommandations concernant la mise en place d’une identité numérique régalienne dans un délai raccourci. Dès aujourd’hui, plusieurs dispositifs complémentaires comme l’Identité Numérique de La Poste permettent de s’authentifier en ligne de manière sécurisée pour réaliser des démarches sécurisées à distance.

L’Etat se met en ordre de marche pour doter chaque Français d’une carte nationale d’identité électronique (CNIe). Couplée à une identité numérique, elle permettra aux Français de s’authentifier pour réaliser des démarches en ligne de manière simple et sécurisée. Un projet qui devrait devenir une réalité d’ici 2025. En vue de débuter le déploiement à compter de la mi-2021, l’Autorité nationale des titres sécurisés (ANTS) a ainsi annoncé début juillet le lancement prochain d’un appel d’offres destiné à désigner les futurs fournisseurs de l’État.

Concordance des calendriers, trois députés, Marietta Karamanli, Christine Hennion et Jean-Michel Mis, ont récemment, dans le cadre d’une mission sur l’identité numérique, formulé quarante recommandations sur son déploiement rapide en France. A la différence de la CNIe, qui permet de prouver son identité et servira de support à celle-ci, l’identité numérique désigne, selon les termes du rapport, « la capacité à utiliser de façon sécurisée les attributs de son identité pour accéder à un ensemble de services en ligne « . Depuis des années, le développement des services en ligne est continu. Leur utilité à la bonne marche du pays et de son économie a été particulièrement mis en évidence par la période de confinement.

Un dispositif régalien complémentaire des identités numériques existantes

Dans leur rapport rendu le 8 juillet au Premier Ministre, les trois parlementaires appellent donc à « déployer rapidement et massivement une solution d’identité numérique régalienne  » tout en soulignant  » l’histoire singulière que possède la France avec l’identité numérique« , qui conditionne selon eux la future réussite du dispositif. Parmi leurs recommandations, les députés appellent notamment à renforcer la confiance des Français dans les dispositifs d’identification en ligne alors que les craintes concernant la protection des données en ligne pèsent sur leur appropriation par le plus grand nombre. Pour ce faire, la mission parlementaire propose notamment de « favoriser l’apparition d’offres de fournisseurs d’identité privés pour donner le choix » aux Français en termes de service.

Car le futur dispositif d’identité numérique régalien ne sera pas complètement nouveau dans le paysage numérique. Son déploiement s’inscrit en effet à la suite de plusieurs services d’authentification en ligne comme FranceConnect, le dispositif de connexion aux services publics en ligne lancé en 2016 par l’Etat, ou bien encore le service d’Identité Numérique de La Poste. Cette dernière permet déjà de se connecter, via FranceConnect, à plus de 700 sites administratifs.

Donner un choix réel du service

Les dispositifs d’identité numérique déjà existants participent d’ores et déjà à familiariser les Français avec ce moyen d’authentification, et à faciliter l’accès des internautes à un ensemble de démarches officielles à distance auprès des services d’Etat, des organismes de santé ou des collectivités territoriales. A terme, ces dispositifs d’identité numérique devraient coexister avec la solution régalienne de l’État, dont la sécurisation dite « forte » rendrait possible la réalisation à distance d’opérations sensibles comme le vote électronique. La coexistence des deux types de solutions donnerait aux utilisateurs un choix réel  » concernant l’acceptation ou le refus des conditions proposées  » selon le rapport parlementaire sur l’identité numérique, à condition toutefois de définir un modèle économique incitatif pour les acteurs privés.
Du côté des industriels du secteur rassemblés au sein de l’Alliance pour la confiance numérique, on accueille avec enthousiasme le souhait de l’État d’accélérer sur le sujet de l’identité numérique, sans manquer de souligner « le retard français » en la matière. Les acteurs privés, qui se sont déjà lancés sur ce marché se réjouissent de possibles synergies, débouchant sur une utilisation plus massive de ces services et d’une plus forte confiance du grand public dans l’identité numérique.

Familiariser les Français avec l’identité numérique

« Le projet de l’État est complémentaire de notre Identité Numérique« , précise Olivier Vallet, PDG de Docaposte, la filiale numérique de La Poste. Acteur historique du secteur, La Poste a été le premier fournisseur d’identité numérique du site FranceConnect en 2016. « La solution d’Identité Numérique La Poste permet dès aujourd’hui de réaliser des démarches sécurisées en ligne à forte valeur ajoutée« , souligne encore Olivier Vallet. Au-delà de faciliter des démarches postales comme la réception de la lettre recommandée électronique proposée par la startup AR24 ou la réexpédition du courrier, elle offrira aussi prochainement la possibilité de réaliser des opérations complexes à distance, notamment dans le domaine de la banque et de la finance telles que l’ouverture de compte ou la signature de contrat.

L’Identité Numérique de La Poste, citée en exemple par la mission parlementaire sur l’identité numérique, est en effet la seule sur le marché attestée au niveau de sécurité « substantiel » par l’ANSSI selon les critères du règlement européen eIDAS. Un atout pour prémunir les utilisateurs contre les risques d’usurpation d’identité.
Outre la capacité qu’offre l’identité numérique à réaliser ses démarches administratives à distance simplement et en toute sécurité, notamment dans des périodes compliquées à l’instar de la crise sanitaire, ce service constitue ainsi dans le même temps un formidable vecteur d’innovation. Et comme une future étape à franchir pour accélérer le développement de nouveaux services en ligne dans de nombreux domaines de la vie quotidienne des Français.