C’est à l’occasion d’un événement en ligne organisé par la Dfinity Foundation, une organisation à but non lucratif dont le siège est à Zurich, que l’idée d’un plan de refonte de l’Internet a été évoquée pour la première fois. Il est clair qu’un désir de révolution se prépare. La Dfinity Foundation veut permettre la création d’applications qui peuvent fonctionner sur le réseau lui-même plutôt que sur des serveurs.

La Dfinity Foundation veut repenser l’Internet

Aujourd’hui, la majorité des serveurs appartiennent à une poignée d’entreprises que nous connaissons tous, j’ai nommé : Facebook, Google Amazon, Tencent ou encore Baidu. Pourtant, l’idée de repenser Internet pour offrir plus de liberté n’est pas nouvelle. Déjà en 1996, John Perry Barlow, co-fondateur de l’Electronic Frontier Foundation, un groupe de défense des droits de l’Internet, rédigeait déjà une déclaration d’indépendance du cyberespace qui allait dans ce sens. Il écrivait à l’époque :

« ‘Gouvernements du monde industriel, géants de chair et d’acier fatigués, je viens du cyberespace, la nouvelle maison de l’esprit. Au nom de l’avenir, je vous demande au nom du passé de nous laisser tranquilles. Vous n’êtes pas les bienvenus parmi nous. Vous n’avez aucune souveraineté là où nous nous réunissons ».

John Perry Barlow ne se serait probablement pas entendu avec Donald Trump. En effet, il faisait ici référence au « Communications Decency Act », une loi de 1996 fixant le cadre des responsabilités des grandes plateformes présentes sur Internet. Il considérait cette loi comme excessive, alors que Trump aimerait aujourd’hui renforcer le pouvoir de la section 230, pour faire peser la responsabilité des contenus publiés sur les plateformes qui les hébergent. La vision proposée à l’époque par Barlow d’un Internet libre et ouvert, contrôlé par ses utilisateurs, était partagée par de nombreux pionniers. C’est le cas des membres de la Dfinity Foundation qui écrivent que :

« Nous voulons ramener l’internet à une époque où il offrait un environnement ouvert à la créativité et à la croissance économique, un marché libre où les services pouvaient se connecter sur un pied d’égalité. Nous voulons redonner à l’Internet son mojo ».

Plus de liberté pour éviter les situations monopolistiques

L’entreprise suisse est en train de construire une technologie décentralisée qui doit permettre aux logiciels de fonctionner partout sur Internet plutôt que sur des serveurs dédiés, contrôlés par les géants du web. Cette technologie sera à la disposition de développeurs tiers dès cette semaine. L’entreprise espère qu’ils commenceront à créer les applications ultra-performantes. L’idée n’est pas de rembobiner l’Internet mais plutôt de mettre fin à la domination de quelques grandes entreprises et de l’industrie de la publicité.

La Dfinity Foundation constate qu’il existe peu d’endroits en ligne hors de portée de ces géants technologiques, et dans les faits, il y a assez peu d’applications qui se développent en dehors de leurs écosystèmes. L’autre problème, c’est le monopole. Apple, Google, Amazon et Facebook sont tous accusés de vouloir monopoliser leur secteur d’activité. Selon la Dfinity Foundation, ce n’est justement pas une coïncidence si Google, Facebook et Amazon ont été créés à l’époque où le cyberespace de Barlow existait encore.

À ce propos, Jeff Bezos doit témoigner devant la Chambre des représentants des États-Unis dans le courant de l’été. Pour rappel, Amazon est actuellement la cible d’allégations selon lesquelles ses employés ont utilisé des données recueillies auprès de vendeurs indépendants de la plateforme pour développer des produits concurrents.