Au terme d’une enquête d’un an, l’Autorité de la régulation de la concurrence du Royaume-Uni a conclu qu’il était nécessaire d’appliquer des mesures fortes pour limiter la domination des géants américains tels que Facebook et Google. En effet, la CMA (Competition and Markets Authority) estime que la situation actuelle pourrait avoir un impact significatif et négatif sur la presse, mais aussi sur les plus petites entreprises ainsi que sur la population.

Facebook et Google se trouveraient dans des « positions de marché inattaquables »

Selon l’enquête de la CMA, Facebook et Google se trouvent aujourd’hui dans une position de domination sans équivoque, ne laissant aucune chance à la concurrence. Une situation commentée par Andrea Coscelli, directeur général de l’autorité de la régulation de la concurrence britannique : « Ce que nous avons découvert est inquiétant. Si nous ne nous intéressons pas à leur pouvoir, la population et les entreprises vont en pâtir ».

De fait, l’organisation estime aujourd’hui que pour les plus petites entreprises concurrentes, il est impossible de « rivaliser à armes égales » face à de tels mastodontes, notamment à cause de leur « accès inégalable aux données des utilisateurs » qui leur permettent de former leurs algorithmes, personnaliser leurs services et diffuser des publicités hyper ciblées. Un avantage qui s’étend à une multitude de secteurs, puisque Google et Facebook sont les pierres angulaires de deux immenses groupes qui travaillent sur d’innombrables terrains, parmi lesquels l’intelligence artificielle, la livraison par drones, les voitures autonomes, et bien plus encore.

De la même façon, l’Autorité chargée de la régulation de la concurrence au Royaume-Uni s’inquiète du sort de la presse face aux mastodontes américains. En 2019, les dépenses publicitaires ont atteint 14 milliards de livres au Royaume-Uni. Au total et à eux seuls, Facebook et Google auraient capté 80% de cette somme. L’enquête a également révélé que 40% des visites des sites de journaux sont dépendantes des deux géants.

Une situation qui a également été constatée en Australie, et qui inquiète tout autant. Il a quelques semaines, l’Australian Competition and Consumer Commission’s (ACCC) avait décidé de faire payer Google et Facebook lors de la publication d’articles de presse afin de réduire un certain déséquilibre financier et sauver les médias australiens. Une proposition rejetée par Facebook, qui a estimé pouvoir se passer des revenus publicitaires des entreprises de la presse. De son côté, Google a décidé de payer certains éditeurs de presse, notamment au Brésil, en Australie et en Allemagne, mais sous certaines conditions.

Les mesures demandées pour brider leur domination au Royaume-Uni

Estimant que les lois actuelles ne sont pas suffisantes pour réguler le marché, la CMA a demandé la création d’une unité en charge des marchés numériques, qui aurait pour objectif de mettre au point et de faire respecter un nouveau code de conduite. Parmi les mesures qui pourraient être prises, on retient notamment l’obligation pour Google d’ouvrir ses données de recherche à ses concurrents afin qu’ils améliorent leur algorithme.

La firme de Mountain View pourrait également être amenée à limiter la configuration par défaut de son moteur de recherche sur les navigateurs. Facebook, de son côté, pourrait recevoir l’ordre « d’accroître son interopérabilité avec les plateformes de médias sociaux concurrentes » et pourrait être forcé de demander à ses utilisateurs s’ils souhaitent recevoir des publicités personnalisées.

En réponse, les deux géants ont d’ores et déjà signifié être prêts à discuter avec les autorités britanniques afin de trouver des solutions pour protéger les consommateurs ainsi que les plus petites entreprises.