Les États-Unis ont récemment décidé d’assouplir leur position vis-à-vis du géant Huawei, en autorisant les entreprises américaines à utiliser sa technologie 5G. Néanmoins l’administration américaine continue de rechercher activement un moyen de créer un concurrent américain à l’entreprise chinoise.

La 5G, une défaite technologie difficile à encaisser aux États-Unis

Décidément les États-Unis ont bien du mal à accepter l’idée qu’une entreprise chinoise les domine dans le secteur technologique hautement stratégique qu’est la 5G. Dès 2012 une commission de la Chambre des représentants avait sonné l’alerte face aux risques que représenterait Huawei en cas de dépendance à ses équipements. Depuis, les États-Unis ont usé de toute la force de leur diplomatie pour convaincre leurs alliés de refuser les équipements de l’entreprise chinoise.

Le principal danger mis en avant est celui de l’espionnage via la 5G, les autorités américaines craignant les liens étroits entre l’entreprise et le gouvernement de l’Empire du Milieu. Lien que Huawei a toujours nié. Face aux conséquences économiques de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, en partie alimentées par la posture américaine contre Huawei, les autorités ont décidé de mettre de l’eau dans leur vin en assouplissant les contraintes imposées à l’équipementier.

Cette mesure de détente n’empêche pas l’administration Trump de continuer à agir dans l’espoir de dresser un champion américain dans le domaine de la 5G. Des entretiens sont organisés avec intermittence avec les dirigeants d’opérateurs de téléphonie ou d’équipements du pays. Une réunion prévue le 1er avril a notamment été décalée à cause de la crise sanitaire. Un document circulant à la Maison Blanche, dévoilée par le Wall Street Journal se montre particulièrement alarmiste sur la 5G : « Pour la première fois dans l’histoire moderne, les États-Unis n’ont pas été le leader d’une vague émergente de technologies critiques ».

Problème, l’avance de Huawei est telle que repartir de zéro ne rimerait à rien. Selon une étude de marché du groupe Dell’Oro cité par le Wall Street Journal, Huawei a accaparé 28% des dépenses mondiales en équipement de télécommunication. Plusieurs start-up américaines travaillent dans le domaine de la 5G, Airspan Network, Altiostar Network, Blue Danube Systems, Mavenir Systems et Parallel Wireless. Elles restent sous-dimensionnées pour faire face au géant chinois. Même les opérateurs téléphoniques américains sensibilisés ne les sollicitent pas.

La piste européenne

Ce sont vers les entreprises 5G d’Europe que se braquent les regards des experts du Nouveau Monde. Ericsson et Nokia ont été approchés pour des opérations de fusion ou d’achat par des entreprises américaines sous impulsion du gouvernement de Donald Trump. Cisco est l’une d’elles, « plus par patriotisme que par intérêt pour la fusion » a indiqué une source proche du dossier au Wall Street Journal.

Un consortium d’investissement privé dirigé par Cerberus Capital Management, toujours soutenu par le gouvernement a également été envisagé, le projet a capoté à cause de la hausse du prix des actions des deux équipementiers 5G européens. Il s’agit de préciser qu’Ericsson et Nokia ne rassurent pas forcément non plus les opérateurs américains qui surveillent de près les fragilités économiques bien réelles des deux sociétés.

L’autre solution sur la table est la création de normes de télécommunication totalement ouverte, laissant l’opportunité aux start-up américaine de refaire leur retard. Nokia et Ericsson résistent à cette possibilité. De leur côté les sociétés finlandaise et suédoise font pression pour bénéficier du soutien de l’U.S. International Development Finance (DFC). L’institution a été créée par le Congrès en 2018 contre l’initiative chinoise des Nouvelles routes de la soie. Le chef de l’agence, Adam Boehler a déclaré préférer investir dans des entreprises américaines, mais n’a pas fermé la porte à la possibilité de soutenir des fabricants non nationaux. En attendant que les États-Unis trouvent une stratégie à suivre, Huawei continu de vendre la 5G dans le monde.