Le ministre de l’Économie et des Finances français, Bruno Le Maire, semble bien décidé à aller au bout de son projet qui consiste à taxer les géants du web, la fameuse taxe GAFA. L’Europe ne cédera pas malgré la pression et le blocage du gouvernement américain. Sam Schechner écrivait le 18 juin dans les colonnes du Wall Street Journal que cette situation laisse planer le spectre d’un conflit commercial à venir entre l’Europe et les États-Unis.

La provocation des États-Unis sur la taxe GAFA

Souvenez-vous, le dernier épisode de la taxe GAFA remonte à janvier 2020. À l’époque, Bruno Le Maire réaffirmait sa volonté de maintenir cette taxe des géants du numérique, malgré l’hostilité et les menaces des États-Unis. Depuis le début de la pandémie, le gouvernement américain a suggéré de mettre les négociations en pause en attendant la reprise économique. Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a récemment envoyé une lettre à ses homologues français, britannique, italien et espagnol expliquant la position américaine à ce sujet. Bruno Le Maire a qualifié cette lettre de « provocation pour tous ceux qui négocient de bonne foi ».

Les quatre pays européens concernées ont envoyé une réponse commune à Steven Mnuchin, lui demandant un accord international sur l’imposition équitable des géants du numérique dans les plus brefs délais. Alors qu’une taxe GAFA a déjà été approuvée par le sénat français, Bruno Le Maire ne s’arrêtera pas. Il a déclaré que : « quoi qu’il arrive, nous appliquerons une taxe aux géants du numérique en 2020. Les États-Unis sont le seul pays à s’opposer à ce processus de taxation. Nous sommes à quelques centimètres d’un accord ». Parallèlement à ces déclarations, Paolo Gentiloni, commissaire européen à l’économie, a également déclaré que l’Union européenne restera sur sa position : « si les négociations internationales échouent, il y aura tout de même une taxe GAFA ».

L’aube d’un conflit international ?

Les législateurs américains bloquent car ils estiment que cette taxe GAFA menacerait la survie des géants technologiques américains, tels que Facebook ou Amazon (on a un peu de mal à y croire). Le gouvernement américain espère faire reculer la France en rendant coup pour coup. Pourtant, plus de 100 pays tentent depuis des années de définir de nouvelles règles sur la répartition des bénéfices de ces sociétés géantes. Les pays européens souhaitent que les géants du numérique payent des impôts là où leurs produits ou services sont consommés. C’est aussi simple que cela.

Cette situation laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau conflit commercial entre les plus grandes économies du monde. Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, s’est également exprimé sur le sujet. Selon lui :

« Tous les pays doivent absolument rester engagés dans les négociations car en l’absence d’un accord international sur la taxe GAFA, de nombreux pays sont susceptibles de recourir à leurs propres taxes numériques. Si tel était le cas, des tensions commerciales pourraient voir le jour. Accotons-nous sur le fait qu’une nouvelle guerre commerciale nuirait particulièrement à l’économie et à l’emploi compte tenu de la situation que nous traversons ».