Ne pas ouvrir le chiffrement des échanges de bout en bout aux comptes gratuits, pour empêcher l’utilisation de cette nouveauté à des fins illégales. C’était l’argument de Zoom lorsqu’il évoquait début juin l’arrivée prochaine de cette option sur sa plateforme d’appels vidéo et de visio-conférence, mondialement plébiscitée durant le confinement.

Moins d’un mois après ces déclarations, la firme retourne sa veste au profit d’une solution plus universelle : les utilisateurs gratuits comme payants pourront finalement profiter de ce chiffrement complet de leurs appels. Cette fonctionnalité sera par contre laissée à la discrétion de l’administrateur, qui pourra l’activer ou non à l’aide d’une simple commande on/off. L’activer aura par contre pour inconvénient d’empêcher les lignes téléphoniques traditionnelles, ou encore d’anciens salons de conférence, de rejoindre l’appel.

Ouvrir le chiffrement à tous : Zoom à trouver un moyen

« Zoom ne surveille pas de manière proactive le contenu des réunions, et nous ne partageons pas d’informations avec les forces de l’ordre, sauf dans des circonstances telles que les abus sexuels sur des enfants ». C’est sur cette base, détaillée à The Verge par un porte-parole de la plateforme, que Zoom était réticent en début de mois à l’idée d’ouvrir le chiffrement de bout en bout aux utilisateurs gratuits, qui ne sont pas tenus de délivrer autant d’informations sur eux-même que les utilisateurs payants, dont l’identité est plus facile à contrôler.

« Nous prévoyons de fournir un cryptage de bout en bout aux utilisateurs pour lesquels nous pouvons vérifier l’identité, limitant ainsi [les risques de préjudice]. Les utilisateurs gratuits s’inscrivent avec une adresse électronique, qui ne fournit pas suffisamment d’informations pour vérifier leur identité », expliquait d’ailleurs Eric Yuan, CEO de Zoom, à l’occasion de la dernière publication des résultats du groupe.

Alors comment Zoom en est arrivé à changer d’avis sur la question ? En changeant de système d’identification pour les échanges chiffrés de bout en bout. Dans une note de blog, la firme s’explique. « Pour rendre cela possible, les utilisateurs gratuits cherchant à accéder [à un échange chiffré de bout en bout] participeront à un processus unique qui les invitera à fournir des informations supplémentaires, telles que la vérification d’un numéro de téléphone via un message texte ».

« De nombreuses entreprises de premier plan appliquent des mesures similaires lors de la création de comptes afin de réduire la création massive de comptes abusifs. Nous sommes convaincus qu’en mettant en œuvre une authentification [plus contraignante], en combinaison avec notre gamme actuelle d’outils – y compris notre fonction Signaler un utilisateur – nous pouvons continuer à prévenir et à combattre les abus », poursuit Zoom.

Reste à savoir quand cette nouveauté sera déployée sur la plateforme. Pour l’heure, on sait seulement que sa bêta arrivera sur le service en juillet, et donc dans un premier temps auprès d’une frange limitée d’utilisateurs.